Cultiver un potager en ville : sol sain ou pollué ?
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Sommaire
Cultivez vos légumes sur un sol sain !
Vous voulez cultiver des légumes ou des fruits ? Idée géniale ! Avant toute chose, il est primordial de connaitre la qualité du sol où ils vont pousser : est-il fertile, riche en matières organiques ? Et surtout de se rappeler qu’un sol sain, c’est un sol exempt de pollutions! Car si votre sol est pollué, vous ne le verrez pas à l’œil nu, mais ça peut avoir un impact sur la qualité de votre production alimentaire. Tout comme sur votre santé et votre cadre de vie.
Ce « Guide pratique d’analyse de sols pour cultiver en ville » vous aidera à identifier une éventuelle pollution du sol de votre potager et vous donnera toutes les astuces pour y remédier et cultiver sur un sol sain! ! Il est destiné particulièrement à l’attention des projets de production dans le cas d’un jardin potager en zone résidentielle.
Rassurez-vous : la problématique de la pollution du sol ne doit pas constituer un frein à la production alimentaire. Il faut cependant rester vigilant : un terrain entièrement vierge, sur lequel jamais aucune activité humaine n’a eu lieu est rare, voire inexistant. Dans notre Région anciennement industrialisée et fortement urbanisée, il est probable que certains terrains soient pollués. 4 principaux polluants peuvent se retrouver dans les potagers. Comment savoir si le vôtre est concerné ? C’est simple : suivez les 6 étapes du Guide.
Mais il n’y a pas que le passé : certains comportements quotidiens peuvent également engendrer des pollutions du sol. Exemples : un apport de remblais, l’abandon de déchets, l’utilisation de produits dangereux (pesticides, savons, solvantsC’est une substance liquide utilisée pour dissoudre ou diluer d’autres substances sans les modifier chimiquement. Ils sont utilisés dans des processus très diversifiés tels que le dégraissage, les peintures, les encres, le nettoyage, etc. …), ou encore l’épandage de cendres de barbecue dans votre jardin...
Cependant, les pollutions sont maitrisables sur base de certaines bonnes pratiques et mesures de prévention.
Règlementation
La Région de Bruxelles-Capitale dispose d’une législation concernant la gestion et l’ assainissementTraitement de la pollution affectant un site (sol, eau) afin de le remettre dans son état initial ou du moins atteindre des valeurs fixées légalement. des sols pollués*.
Malheureusement, cette procédure n’est pas techniquement et financièrement adaptée aux projets de production alimentaire : ceux-ci se développent en général sur des terrains non –repris dans l’inventaire de l’état du sol.
Cette législation prévoit une procédure d’étude et de traitement si une pollution dans le sol est suspectée. Dans la plupart des cas, la législation cible les activités professionnelles (historiques et actuelles), qui présentent un risque important de pollution du sol.
*Pour plus d’informations voir les pages ‘le sol en bref et en vidéo’ sur le site Internet de Bruxelles Environnement.
Sources
Pour rédiger ce guide, Bruxelles Environnement s’est basé sur ses expériences d’accompagnement de potagers collectifs dans leurs analyses de sols, sur les expériences du « facilitateur sol », sur des consultations avec entre autre des laboratoires et l’OVAM et s’est également inspiré d’autres guides similaires tels le Guide de Toronto « From the ground up ».
Disclaimer
« Ces recommandations sont de l’ordre de l’information générale.
L’Institut Bruxellois pour la gestion de l’environnement (Bruxelles Environnement) veille à ce que ces recommandations soient les plus correctes et les plus complètes possible mais il ne peut être tenu responsable de la manière dont ces recommandations sont utilisées et interprétées.
L’Institut bruxellois pour la gestion de l’environnement ne donne aucune garantie quant à l’adéquation des sols pour le jardinage ou pour d’autres situations applicables au jardinier à qui il revient seul de s'assurer que les conditions sont adaptées pour le jardinage à l'endroit choisi. »
A quoi reconnaît-on une pollution du sol dans un potager ?
Un sol pollué n’est pas toujours visible à l’œil nu. Cependant, certains éléments peuvent facilement être détectables à l’odeur ou par l’observation et ainsi indiquer une pollution du sol:
- Une pollution du sol aux hydrocarburesCe sont des composés organiques liquides constitués de carbone et d’hydrogène dérivés du pétrole. Le mazout, l’essence et d’autres types d’huiles minérales en font partie. Ces huiles ont la particularité d’avoir une faible densité. Lorsqu’elles s’infiltrent dans le sol, elles peuvent atteindre l’eau souterraine et y former une couche flottante. aromatiques polycycliques (HAP).
- Si un sol est pollué aux carburants, solvantsC’est une substance liquide utilisée pour dissoudre ou diluer d’autres substances sans les modifier chimiquement. Ils sont utilisés dans des processus très diversifiés tels que le dégraissage, les peintures, les encres, le nettoyage, etc. ou huiles de graissage, il est possible de le sentir ou de l’observer. Par exemple lorsqu’un film d’huile apparait sur une flaque d’eau.
Observer un lieu et ses environs peut aussi vous fournir des indications sur un éventuel risque de pollution du sol :
- La présence de déchets où se trouvaient des matières liquides. Par exemple des fûts d’huile vides, des bidons de solvants, etc.
- Déchets de construction (tôles, métaux, remblais,…)
- Certaines entreprises peuvent, par la nature de leurs activités, engendrer une pollution du sol. Une pollution aux huiles minérales peut par exemple provenir d’un garage d’entretien de véhicules.
- Des anciens terrains de chemin de fer peuvent avoir été rehaussés avec des cendres.
Pour savoir si votre sol est concerné, suivez les étapes
Pour en savoir plus, nos pages web :
Quelles substances chimiques peuvent polluer votre potager?
Un sol pollué peut avoir plusieurs origines : activité économique, artisanale ou industrielle ; remblayage d’un terrain avec des matériaux pollués ; utilisation de pesticides chimiques…
Voici les 4 polluants principaux que l’on retrouve dans un potager :
Métaux lourds
Les « métaux lourdsNom générique d'un groupe de métaux de densité relativement élevée, tels que le plomb, le mercure, le zinc et le cadmium. Ces métaux sont présents naturellement dans l'environnement et sont même nécessaires à certains processus naturels. Ils sont toutefois nocifs en concentrations élevées. Les principales sources de métaux lourds sont l'industrie non ferreuse, la combustion de combustibles fossiles, l'incinération de déchets et le trafic. » constituent une catégorie large reprenant des éléments chimiques toxiques. Certains métaux lourds présents dans l’environnement et en dessous de certains seuils ne sont pas considérés comme toxiques. Certains sont naturellement présents dans le sol ou dans l’eau souterraine, comme le cuivre, le zinc ou le fer, par exemple.
En revanche, d’autres métaux lourds peuvent être fortement toxiques pour l’être humain et l’environnement, en fonction de leur nature ou de leur concentration. C’est le cas du plomb et du cadmium, entre autres. Des activités humaines d’industrie ou de remblais notamment, peuvent avoir renforcé leur présence. Mais les métaux lourds sont des substances stables et peuvent rester dans le sol très longtemps.
Hydrocarbures aromatique polycycliques (HAP)
Les « HAP » représentent de nombreux composés et sont fortement toxiques. Ils se forment principalement suite à une combustion incomplète : carburant automobile, bois, charbon, incinérateurs… Une partie de cette pollution spécifique s’avère cancérigène. On retrouve les « HAP » dans des couches de remblai, des morceaux de goudron ou des résidus de cendres.
Huiles minérales
Elles concernent un groupe de substances chimiques dérivées de pétrole brut, largement répandues dans notre société et toxiques… Mazout de chauffage, carburants, huile de graissage pour véhicules ou engins de jardinage. Certaines huiles minérales sont également utilisées comme dégraissant ou solvant, c’est le cas du white spirit.
Pesticides
Dans le passé, l’utilisation des pesticides chimiques était très fréquente. Malheureusement, beaucoup de ces substances sont très difficilement dégradables dans l’environnement et restent donc longtemps dans le sol. Celles-ci sont nocives pour l’homme et ont des impacts possibles sur sa santé. Les pesticides sont également toxiques pour de nombreuses espèces de plantes et d’animaux. Il faut noter que la Région de Bruxelles-Capitale s’est dotée d’un programme de réduction des pesticides depuis quelques années pour tenter de résoudre ce problème.
Comment se protéger d’une pollution du sol dans son potager?
Mesures de précaution générales
D’une manière générale, il convient de systématiquement laver les légumes et fruits avant de les consommer. De même, il est conseillé de se laver les mains après avoir jardiné.
Avant d’installer mon potager:
- La meilleure façon de minimiser les risques d’entrer en contact avec une pollution du sol est le choix de l’endroit où on veut installer un potager. Choisissez donc un endroit de votre jardin approprié et non suspect.
- Si vous avez déjà effectué l’analyse et que le seuil 2 est dépassé pour au moins une substance, évitez d’installer votre potager en pleine terre dans la/les zones suspectes.
- Si vous n’avez pas fait d’analyse, évitez, par exemple, de mettre un potager en pleine terre dans des zones remblayées avec des déchets de construction, des cendres, etc. Les grands axes routiers, les zones ferroviaires ou certaines activités économiques et industrielles peuvent également induire une pollution du sol dans leur environnement immédiat.
- Si vous avez des doutes, vous pouvez faire analyser, au préalable, un échantillon de sol pour exclure la présence d’une pollution du sol. Consultez la page : Comment identifier une éventuelle pollution du sol dans mon potager?
Lors du jardinage:
- Veillez à avoir une terre saine et fertile. Pour ce faire, ajoutez régulièrement du compostProcessus naturel de transformation de la matière organique sous l’action d’organismes vivants, dans des conditions contrôlées, en humus et nutriments pour le sol et ses habitants. ou du fumier à votre sol. En effet, la matière organique dans le sol a un impact positif sur la structure et la vie microbienne du sol. Cela peut avoir un impact sur l’immobilisation voire même la dégradation de certains polluants organiques.
- Veillez à ce que votre sol ne soit pas trop acide (pH). En effet, dans un sol plus acide, les métaux lourdsNom générique d'un groupe de métaux de densité relativement élevée, tels que le plomb, le mercure, le zinc et le cadmium. Ces métaux sont présents naturellement dans l'environnement et sont même nécessaires à certains processus naturels. Ils sont toutefois nocifs en concentrations élevées. Les principales sources de métaux lourds sont l'industrie non ferreuse, la combustion de combustibles fossiles, l'incinération de déchets et le trafic. sont plus facilement libérés et pourront alors être absorbés par les plantes. En général, un sol sableux est plus acide qu’un sol argileux. Les laboratoires, mais aussi certains centres de jardinage, peuvent analyser l’acidité de votre sol pour vous. Pour diminuer l’acidité de votre sol, vous pouvez ajouter, par exemple, de la chaux ou du compost mûr.
- Ne laissez pas un sol nu. Vous pouvez couvrir les parterres avec du compost ou des déchets verts hachés de manière à éviter une dispersion des particules de sols avec le vent ou la pluie. La couverture du sol permet également de le protéger de la sécheresse et des intempéries. Cela contribue également à diminuer la pousse des « mauvaises herbes ».
- Evitez que vos enfants entrent en contact avec un sol pollué parce qu’ils sont plus sensibles aux substances chimiques que les adultes.
- Les plantes n’ont pas toutes la même sensibilité par rapport aux pollutions du sol. Choisissez donc votre culture potagère en fonction de la qualité de votre sol.
Voir : Est-ce que le type de légume cultivé est important par rapport à la pollution du sol ?
Après la récolte:
Lavez toujours vos légumes avant de les consommer. Ceci permet d’éliminer une grande partie de polluants présents en surface. Eplucher vos pommes de terre, carottes et autres légumes-racines aide aussi à éliminer un maximum de pollutions (ceci n’est pas nécessaire s’ il n’y a aucune pollution avérée).
Est-ce que le type de légume cultivé est important par rapport à la pollution du sol ?

Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte pour expliquer qu’une plante accumule plus de polluants que d’autres. Le type de sol ou la nature du contaminant par exemple sont importants.
A ce stade-ci des connaissances, il n’est pas évident de fournir des recommandations détaillées concernant le type de légume à cultiver en fonction du type de pollution présente.
De façon générale, en ce qui concerne le pollutions aux métaux lourdsNom générique d'un groupe de métaux de densité relativement élevée, tels que le plomb, le mercure, le zinc et le cadmium. Ces métaux sont présents naturellement dans l'environnement et sont même nécessaires à certains processus naturels. Ils sont toutefois nocifs en concentrations élevées. Les principales sources de métaux lourds sont l'industrie non ferreuse, la combustion de combustibles fossiles, l'incinération de déchets et le trafic. on peut faire la distinction suivante:
- Les fruits et légumes-fruits et graines: ce sont les cultures les moins sensibles aux contaminants.
Exemples: tomates, aubergines, poivrons, gombos (seulement les graines des cosses), courges, maïs, concombres, melons, pois et haricots écossés, oignons (bulbe seulement) et les fruitiers tels que les pommiers et les poiriers.
- Les légumes-racines: ils présentent une capacité intermédiaire à fixer les polluants des sols. Une partie des métaux lourds restera en surface des légumes. Lavez donc bien les légumes et épluchez les avant de les consommer.
Exemples: carottes, betteraves, pommes de terre et navets.
- Les légumes feuilles et les herbes aromatiques: en général, ce sont ceux qui concentrent le plus les polluants du sol. Ne les cultivez donc que dans un sol exempt de pollution, ou cultivez-les en cas de doute dans des bacs.
Exemples : la laitue, les épinards, les blettes, les différents choux, brocolis, choux fleurs, haricots verts et petits pois non écossés, thym, etc.
Besoin de plus d’informations ?
Si après lecture de ces pages vous avez encore des questions concernant la pollution du sol de votre potager, vous pouvez entre autre contacter les personnes suivantes:
- Le facilitateur sol de Bruxelles Environnement qui peut vous d’expliquer la politique de gestion des sols pollués de la Région de Bruxelles-Capitale.
- Les experts en pollution du sol peuvent vous renseigner sur les aspects techniques et scientifiques relatives aux pollutions du sol, les études de sol ou même le traitement d’une pollution du sol. Sachez toutefois qu’il s’agit des sociétés privées et que les conseils ne sont pas gratuits !
- Les laboratoires agréés qui peuvent aussi vous donner des conseils sur les analyses chimiques que vous pouvez réaliser.
Il y a aussi des organisations qui s’intéressent à la problématique des potagers en milieu urbain. Vous pouvez les retrouver sur notre portail Good Food.
Contact
N’hésitez pas à nous contacter pour nous donner votre avis sur ce guide. Pour des informations complémentaires, vous pouvez également contacter le service "Facilitateur Sol" :
- 02/775 75 75 (Service Info)
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