
Vivre l’aventure du potager collectif à Bruxelles
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Les potagers collectifs rencontrent un franc succès à Bruxelles ! Nous avons recueilli le témoignage de Joëlle Mottint, Anderlechtoise qui s’est lancée dans cette aventure étroitement liée à la nature et à l’humain.
En 2021, Joëlle a initié la création du potager collectif « Prei de Chez Vous » à Anderlecht. Cette mère de famille de 52 ans consacre un peu de son temps à la culture collective d’un lopin de terre. L’occasion de profiter d’un moment convivial avec d’autres habitants et habitantes du quartier, tout en apportant sa petite pierre à l’édifice d’un monde plus respectueux de la nature.
Bonjour Joëlle, parlez-nous de cette expérience potagère lancée en 2021…
Notre potager a été créé par les habitants et habitantes du quartier, il n’est pas très grand mais il est très beau, il amène de la vie et crée du lien entre les gens. Dès le début, nous l’avons voulu ouvert et flexible. De nombreuses personnes sont intéressées par le projet, des gens du quartier mais aussi de plus loin. Ils viennent nous voir quand on y travaille. On demande aux participants et participantes d’adhérer à la charte du potager, et les décisions sont prises de manière collective. On appelle aussi à une petite participation financière pour contribuer au matériel.
Comment vous est venue l’idée de participer à ce projet ? Quelles ont été vos motivations ?
J’avais envie d’un potager collectif dans le quartier depuis longtemps, mais je ne voulais pas en être la locomotive. J’ai suggéré l’idée via un réseau social de quartier. Nous étions 4 personnes au départ, puis une dizaine. Nous avons sollicité la commune pour trouver un terrain. Nous avons obtenu un accord d’occupation de la parcelle. Depuis que nous sommes installés, nous n’avons que des retours positifs !
Dans le quartier, il manquait un projet collectif pour créer du lien intergénérationnel et interculturel, pour améliorer l’ambiance générale. C’est à la fois motivant en termes de convivialité, mais c’est aussi un projet à géométrie variable. Grâce à la participation collective, on ne doit pas se préoccuper de son potager en permanence. Avec, en bonus, le plaisir d’avoir des légumes qu’on a cultivés soi-même.
Quels sont les avantages du projet ? Est-ce que chacun, chacune a droit à sa part de légumes ?
Au lancement du projet, on s’est demandé comment gérer les éventuelles frustrations de répartition des récoltes. Et en fait, il n’y en a pas, il reste plus souvent des produits à se partager ! Nous disposons d’un journal de bord qui reprend le tableau des récoltes. Chacun, chacune note ce qu’il, elle a récolté et ce qu’il, elle a pris. Il est clair que ceux qui viennent souvent au potager bénéficient davantage des récoltes. En plus, cela permet d’avoir une activité physique, de se vider la tête et de retrouver un moment de partage convivial ! Nous nous réunissons 2 fois par mois, pour discuter et travailler ensemble au potager. Ces réunions sont ouvertes à tous et toutes, ce sont des moments d’échanges destinés à faire évoluer le projet. Nous travaillons aussi avec l’Agora Kit, un outil web qui permet notamment de discuter du projet, d’avoir un agenda partagé. Aujourd’hui, nous traversons le premier hiver depuis le démarrage du projet et il y a bien sûr moins de monde au potager. Nous lancerons bientôt un projet de compostProcessus naturel de transformation de la matière organique sous l’action d’organismes vivants, dans des conditions contrôlées, en humus et nutriments pour le sol et ses habitants. collectif, grâce à un subside, ce sera l’occasion de remobiliser chacun et chacune !
Avez-vous bénéficié d’un soutien financier pour le projet ?
Nous avons reçu un subside de Good Food via l’appel à projet “Inspirons le quartier”, qui nous a permis d’acheter du matériel. Nous avons aussi reçu des dons, financiers et matériels, notamment des citernes et une serre !
Avez-vous envie de nous partager quelques chouettes anecdotes ?
Il y a une dame qui vient souvent. Elle ne fait pas partie du potager, mais elle s’installe près de nous quand on y travaille, et elle papote pendant des heures ! Il y a beaucoup de gens qui passent, qui posent des questions. L’objectif de créer du lien dans le quartier est totalement atteint… et même au-delà.
Et puis, il y a un tel engouement pour le projet qu’on reçoit parfois des dons. On a reçu une caisse avec des sachets de graines, ou des semis de poivrons. Parfois, lors de la récolte, on découvre même des légumes qu’on n’a pas semés – notamment parce qu’on a récupéré une partie de compostProcessus naturel de transformation de la matière organique sous l’action d’organismes vivants, dans des conditions contrôlées, en humus et nutriments pour le sol et ses habitants. collectif qui a produit des espèces inattendues, comme certains types de courges, du rutabaga, et même de l’amarante !
Est-ce que le potager collectif est aussi un lieu d’apprentissage ?
Nous ne sommes pas vraiment des experts et expertes du jardinage, mais on aime ça ! Les savoir-faire s’échangent de manière informelle, certains se souviennent des pratiques de leurs parents ou grands-parents, d’autres ont une expérience de guide nature et reconnaissent les champignons qui poussent spontanément dans le potager. Parfois, on échange aussi des recettes, notamment sur des plantes qui poussent par surprise.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait intégrer un potager collectif ?
Je pense qu’il faut essayer, c’est une chouette expérience. C’est ressourçant, on prend l’air, on rencontre des gens – et ce n’est pas un engagement à vie !
Participer à un potager collectif ?
Rejoignez un projet près de chez vous.
