Les 10 questions les plus fréquentes sur les PFAS
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Comme de nombreux Bruxelloises, Bruxellois, vous vous demandez si vous pouvez encore consommer l’eau du robinet ou donner les légumes du potager à vos enfants ? L’actualité récente sur la présence de PFAS dans les eaux en Wallonie entraîne une série de questions bien légitimes. Où retrouve-t-on les PFAS ? Y en a-t-il dans l’eau et les sols bruxellois ? Sont-ils dangereux pour la santé ? Nos experts, expertes en sol nous en disent plus.
1. Les PFAS, c’est quoi ?
Les PFAS (ou Per- and polyFluoroAlkyl Substances) sont des composés fabriqués par l’industrie, ils n’existent donc pas à l’état naturel. Le groupe des PFAS compte environ 10.000 substances au total, utilisées pour leurs propriétés antiadhésives, imperméables à l’eau et aux graisses, résistantes aux températures élevées.
On les appelle aussi des polluants chimiques "éternels" parce qu'ils ne se décomposent pas facilement et restent pendant plusieurs centaines d'années dans l'environnement.
2. Dans quoi retrouve-t-on les PFAS ?
Dans de nombreux produits et objets utilisés au quotidien. Notamment dans les emballages de papier alimentaire (comme ceux des fast-food ou des pizzas), ainsi que dans les revêtements des poêles de cuisson antiadhésives au Teflon®.
Dans votre salle de bain, crèmes et cosmétiques peuvent en contenir, tout comme les vêtements imperméables de votre dressing ainsi que les produits imperméabilisants de vos chaussures. Saviez-vous que les PFAS sont aussi présents dans les moquettes, revêtements de sol, peinture, vernis et tissus d’ameublement ?
Les PFAS sont très utilisés dans certaines industries : plastiques, caoutchouc, pétrochimie, polymères, aérospatial, métallurgie, imprimerie, papier, automobile. Certaines mousses anti-incendie ou encore des implants médicaux en contiennent également.
Comme ils sont présents dans de nombreux produits, on retrouve les PFAS également dans les eaux uséesEaux qui ont été affectées à un usage domestique ou industriel et qui sont généralement chargées de différentes substances.. Les stations d'épuration traditionnelles n'étant pas capables de les éliminer, des eaux contenant des PFAS sont rejetées dans les cours d'eau et finalement dans les océans.
3. Quel est le rôle des PFAS, à quoi servent-ils ?
Depuis les années 60, les PFAS sont utilisés dans de nombreuses applications industrielles et produits de consommation courante pour leurs propriétés antiadhésives, antisalissures, imperméabilisantes et résistantes aux fortes chaleurs. Ils sont encore utilisés aujourd'hui, même si les fabricants leur trouvent peu à peu des alternatives, en remplaçant les PFAS les plus toxiques par des moins nocifs, ou par des produits non fluorés.
4. Est-ce que les PFAS sont nocifs pour la santé ?
Comme ils ne se dégradent pratiquement pas dans l’environnement, ils peuvent se retrouver dans le sol, l’eau, l’air et/ou notre nourriture. Ils s'accumulent également au fil du temps dans les organismes vivants, entre autres dans le corps humain ainsi que chez les animaux.
Les PFAS sont des perturbateurs endocriniens. Des études montrent qu'une exposition chronique aux PFAS peut avoir des effets sur le foie, les poumons et la thyroïde. Ils peuvent provoquer des cancers, augmenter le taux de cholestérol et engendrer des problèmes de fertilité. Selon l'EFSA (l'Autorité européenne de sécurité des aliments), les PFAS agissent aussi sur le système immunitaire, en diminuant la réponse à la vaccination.
Les PFAS représentent donc un risque pour l'environnement et la santé, mais il s'avère très difficile de mesurer leur impact réel.
5. Comment les PFAS pénètrent-ils dans le sol ?
Les PFAS peuvent se retrouver dans le sol et/ou l'eau lorsque des produits ou des déchets qui en contiennent sont éliminés, utilisés ou déversés. Les PFAS peuvent se disperser dans le sol, se dissoudre dans les eaux de surfaceOn fait habituellement la distinction entre l’eau de mer et les eaux intérieures, lesquelles sont à leur tour subdivisées en eaux de surface et eaux souterraines. Les eaux de surface font référence à l’eau qui coule ou stagne à la surface de la terre. Elles comprennent l’eau des lacs, des rivières et des plans d’eau (étangs, bassins artificiels, mares, etc.) comme dans les eaux souterraines et être transportés dans l'air via des poussières contaminées rejetées par les industries. Une fois dans l’environnement, ils y restent présents très longtemps.
6. Comment ingère-t-on les PFAS ?
Concrètement, nous pouvons absorber ces substances par ingestion, inhalation ou contact avec la peau. Le risque principal est l’ingestion. Les PFAS sont parfois présents dans l'eau potable et dans le matériel de cuisine ou les emballages alimentaires. Ils peuvent donc être avalés en même temps que l'eau ou les aliments contaminés et, de là, pénétrer dans la circulation sanguine.
Toucher des produits fabriqués avec des PFAS ou toucher de l'eau contenant des PFAS n'est pas la principale voie d’exposition à ces produits chimiques. Et la plupart des PFAS ne pénètrent pas facilement dans la peau.
7. Peut-on éliminer les PFAS de notre corps ?
Il n’existe pas de traitement réel ou de remède pour se décontaminer. Les molécules de PFAS ne sont pas détruites ni métabolisées par l'organisme. Leur élimination est très lente : les PFAS peuvent disparaître naturellement dans le corps mais cela peut prendre des années voire des dizaines d’années pour revenir à des taux “normaux” de PFAS dans le sang.
Bon à savoir
Les PFAS peuvent être décelés via une prise de sang, mais il sera en revanche difficile d’en déterminer l’origine vu que ces substances se retrouvent partout. Les laboratoires comparent souvent les chiffres par rapport aux taux moyens de la population ayant été peu exposée aux PFAS.
8. Y a-t-il des PFAS dans les sols à Bruxelles ?
La Région bruxelloise ne possède pas d’usines produisant ces substances, contrairement à la Flandre (avec l’usine 3M). Cela ne veut cependant pas dire qu’il n’y a pas de risque de pollution dans notre région car les PFAS font partie de la composition de nombreux produits. Bruxelles Environnement a mené 3 campagnes de mesures, en 2021, 2022 et 2023, sur 33 sites pour lesquels les propriétaires ont accepté de participer.
Les résultats des PFAS sont repris sur la carte PFAS et sont consultables en ligne. Cette carte est mise à jour instantanément, dès que Bruxelles Environnement reçoit des analyses de PFAS de la part des experts, expertes. Sur base de l’adresse d’un site, la carte indique aussi les parcelles pour lesquelles un risque de pollution aux PFAS existe. C’est un risque de pollution présumé et non avéré. Seule une étude historique complète et si nécessaire, une analyse de sol ou de l’eau souterraine pourra confirmer s’il y a une pollution aux PFAS ou pas.
Un expert nous explique...
« Les PFAS sont présents à certains endroits dans le sol et l’eau souterraine peu profonde à Bruxelles. Toutefois, il n’y a pas de risque pour la santé s’il n’y a pas de contact direct avec la pollution et que l’eau polluée n'est pas pompée ni utilisée, par exemple pour arroser un potager. Ce sont des éléments qui sont contrôlés lors des études de sol. Dans tous les cas, rassurez-vous, l’eau du robinet ne vient jamais de ces nappes phréatiques superficielles ! »
Mohamed Bouamama, expert Traitement des sols chez Bruxelles Environnement
9. Et pour l’eau, puis-je encore boire l’eau du robinet ?
Oui. Depuis début 2023, la concentration en PFAS de l’eau du robinet est vérifiée chaque mois par Vivaqua. À Bruxelles, il n’y a aucun dépassement de la future norme européenne pour l'eau potable (100 ng/L), qui sera d’application dès 2026. Tous les résultats d’analyses mensuelles sont accessibles pour le grand public sur le site de Vivaqua.
10. Peut-on filtrer les PFAS dans l'eau (par ex., avec un filtre Brita, du charbon actif...) ?
Des recherches récentes suggèrent que les filtres à eau, comme Brita, ne fonctionnent pas d'une façon constante et efficace. Une étude américaine a testé différents filtres. Tous n’ont pas la même efficacité. En moyenne, l’étude estime que les carafes à charbon actif permettent d’éliminer 50% des PFAS qui étaient dans l’eau avant d’être filtrée. Les systèmes qui ont permis d’éliminer le plus de PFAS sont des filtres doubles placés sous l’évier et surtout, les filtres à osmose inverse, processus de traitement dans lequel l'eau passe à travers une membrane semi-perméable. L'osmose inversée est connue pour produire une eau pure et éliminer les contaminants très efficacement.
Bon à savoir
Pourquoi les PFAS ne sont-ils pas tout simplement interdits ?
Plusieurs pays européens travaillent sur une proposition d'interdiction et de restriction des PFAS au sein de l’Union Européenne. L’objectif est de réduire les risques que présentent ces substances pour la santé des êtres humains et l'environnement. En résumé : réduire les émissions de PFAS et rendre les produits et leurs processus de fabrication plus inoffensifs pour les consommateurs, consommatrices.
Contact
Le Facilitateur Sol de Bruxelles Environnement répond à vos questions sur les PFAS par téléphone : 02 775 75 75 ou par e-mail : soilfacilitator@environnement.brussels