Apprendre dans la nature
- Espaces verts
- Biodiversité
- Sensibilisation
- Forêt
- Excursion
"Les enfants devraient vivre au grand air, face à face avec la nature qui fortifie le corps, qui poétise l’âme et éveille en elle une curiosité plus précieuse pour l’éducation que toutes les grammaires du monde." - Alexandre Dumas.
Ecole ou classe du dehors, école en nature ou en forêt, apprendre dans la nature... toutes ces appellations font référence à « une pratique d’enseignement qui se fait de manière régulière dans l’espace naturel et culturel proche, de manière interdisciplinaire et en travaillant les objectifs du programme scolaire dans toutes les matières. »Council of Learning Outside the Classroom UK, TEACHOUT project DK.
Cette approche enrichissante a déjà fait ses preuves dans de nombreux pays. Lancez-vous et offrez à vos élèves une approche motivante, pleine de sens en explorant régulièrement le milieu naturel proche de l’école et en s’inspirant de la nature pour construire les apprentissages.
Le contact direct avec la nature améliore la concentration, l’estime de soi et l’humeur des enfants. Il favorise leur développement physique et leur bien-être, mais aussi celui des adultes : diminution de l’anxiété, réduction de l’hyperactivité, amélioration de la capacité de contrôle, de la qualité du sommeil et renforcement du système immunitaire.

Apprendre dans la nature développe la capacité des enfants à résoudre des problèmes, à maîtriser des concepts en mathématiques et en sciences, stimule leur imagination et leur curiosité, renforce le langage et leur capacité à communiquer, développe leur créativité et la coopération au sein de la classe.
... Pas encore convaincu·e ?
Laurence, Loïque et Isabelle, l’équipe « Apprendre dans la nature » de l’asbl Tournesol-Zonnebloem, partenaire de Bruxelles Environnement, nous offrent une argumentation en trois actes « Quand la nature vous invite à découvrir son programme solaire ».

Acte I : Philosophie
Depuis notre plus tendre enfance, nous poussons plus loin nos limites pour découvrir ce vaste monde qui nous entoure et tracer notre propre chemin. Étrangement, plus notre regard s’émerveille sur le grand et le lointain, plus le petit et le proche perdent de leur intérêt.
Or il suffit de regarder les enfants pour se rappeler que chaque flaque d’eau, chaque nuée de poussière ou le moindre monticule de sableParticules de sol dont la taille est supérieure à 0,05 mm est un univers en soi. Univers dans lesquels on peut découvrir la vie qui vibre, qui sillonne, qui tâtonne, ainsi que sa compagne la mort qui, inéluctablement, participe à la ronde des saisons. Univers que l’on peut contempler, explorer et même façonner. Univers qui nous transportent dans la joie et la tristesse, l’ennui et l’excitation, le courage et la peur, la colère et l’enchantement.
Je nous propose donc ces petits univers comme source d’inspiration pour à nouveau rendre du sens à l’apprentissage et l’ancrer solidement en nous.
Je nous invite à laisser le programme solaire nous inspirer plutôt que le programme scolaire nous dicter.
Je nous défie de trouver les liens entre ce que la nature nous offre et ce que l’éducation nationale nous impose.
Un défi de taille, certes, mais indispensable afin de retrouver les gestes respectueux, censés et bienveillants envers notre entourage et notre environnement.
« Apprendre dans la nature », c’est avant tout un état d’esprit dans lequel il faut oser se lancer en toute confiance :
- Confiance dans la nature avec tout ce qu’elle peut offrir comme coffrets d’apprentissage.
- Confiance dans les enfants et leur curiosité sans bornes qui les pousseront à ouvrir ces coffrets.
- enfin, confiance nous, enseignants, animateurs, qui sauront détailler le contenu de ces coffrets, les décortiquer et les développer, avec l’idée de pousser plus loin l’apprentissage et de lier ces trésors de la nature avec les socles de compétences.
« Apprendre dans la nature » demande une once de courage, car il faut aussi oser le lâcher prise. Celui-ci nous permettra la liberté des questions et découvertes qui s’imbriqueront au fil du temps et finiront par donner du sens, peut-être même au-delà de nos espérances.

Cette philosophie comme unique bagage pour partir sur le terrain ne sera sans doute pas suffisante, mais c’est notre ticket d’entrée. Ensuite, pour permettre tous les possibles de l’apprentissage du dehors, il faut s’organiser. Impliquer les élèves, sensibiliser l’entourage, disposer d’un matériel de base, élaborer la Charte du Dehors et surtout ne jamais oublier le journal de bord (voir Acte III). C’est à lui qu’on confiera les observations, remarques, questions et inventions des enfants, les activités spontanées ou les réponses trouvées au détour d’un chemin. C’est lui qui nous permettra de relier l’école du dehors aux socles de compétences.
Car oui, pendant qu’Archimède se la coule douce près de la mare, Marie Curie scrute le sol avec un compteur Geiger, Isaac Newton contemple la chute des pommes, Pythagore, lui, regarde un arbre tombé et Gregor Mendel observe la couleur des fleurs de petits pois avec consternation. Les lettres jouent à cache-cache dans les arbres alors que les verbes se conjuguent paresseusement au fil des saisons. Simone de Beauvoir et Olympe de Gouge ont une discussion animée en observant les abeilles butinant sans relâche. La Terre ne lâche pas d’une semelle le Soleil, qui par ses magnifiques jeux de lumières font frémir Dora Maar et chanter Bob Marley.
Le dehors est d’une richesse infinie, à nous de donner les clés pour développer, structurer et partager les découvertes afin de les faire prendre racine et sens dans le long processus de l’apprentissage. Dans l’Acte II, nous voyagerons à travers quelques études scientifiques, afin de comprendre comment et pourquoi l’apprentissage du dehors est si bénéfique tant pour les enseignants que pour les élèves.
Isabelle Vermeir pour l’équipe « Apprendre dans la nature »
Acte II : Recherche
Rien de tel que quelques questions pour renforcer l’Acte I et entamer joyeusement l’Acte II. Comment la nature agit-elle sur nous ? Quels mécanismes lui permettent d’améliorer notre état physique et psychologique ? Et est-ce que le moindre élément naturel suffit pour agir sur notre bien-être ?
Promenons-nous dans les bois
Vous le savez ou non, les scientifiques adorent nous observer en train d’effectuer toutes sortes de tâches farfelues afin d’en déduire l’une ou l’autre chose intéressante. Eh bien, dans ce qui suit, vous allez être servis.
Berman & compagnie ont demandé à 38 étudiants d’écouter une liste de chiffres et de la répéter en sens inverse. Les étudiants arrivés au laboratoire en marchant dans un parc étaient plus performants que ceux arrivés en bus1. Parallèlement, Fuller et son équipe ont effectué des recherches concluant que la nature nous rend plus performant intellectuellement, car elle nous permet de faire une pause, de doper la concentration et la mémoire2.
Une autre équipe³ encore s’est amusée à mesurer les performances créatives chez des personnes ayant participé ou non à une randonnée de quatre jours dans un grand parc national. Résultat : les performances créatives avaient augmenté de 50 % chez les randonneurs.
A tout âge ? La nature a des effets positifs à tout âge, mais ces effets ne sont pas les mêmes. Une étude menée par Jo Barton a montré que l’activité physique en plein air améliore l’estime de soi chez les jeunes, mais agit davantage sur l’humeur des personnes âgées.
Inspirez, c’est pour votre plus grand bien ! Samantha Dayawansa et Qing Li ont montré que l’inhalation de certaines substances chimiques émises par les arbres diminue la fréquence cardiaque, amène à respirer plus lentement et plus profondément, réduit la pression artérielle, favorise la relaxation ainsi que l’activité des cellules NK (cellules qui chez l’homme, traquent et tuent les cellules infectées par des virus).
Mais où sont nos ilots de verdure ?
C’est sûr, de nombreux choix politiques éloignent inexorablement la nature de notre quotidien. Mais si vraiment vous n’avez pas l’occasion d’atteindre un coin de verdure, prenez le temps d’observer, d’écouter et de toucher.
Dans les années 1990 déjà, Rachel Kaplan avait montré que des scènes de nature attirent notre attention d’une façon douce et discrète, permettant un apaisement et la restauration des fonctions cognitives. Yoshifumi Miyazaki et son équipe confirment le fait 28 ans plus tard. Après seulement une minute et demie à contempler des photographies de forêt, les participants ont vu leurs sentiments de confort et de relaxation augmenter, contrairement au groupe contrôle.
Jesper Alvarsson et compagnie ont ensuite montré grâce à divers mesures physiologiques que l’on s’apaise plus vite après une tâche stressante lorsque l’on écoute des sons de la nature, notamment des bruits émis par les oiseaux. Ceux-ci s’avèrent particulièrement efficaces pour diminuer le stress et restaurer l’attention.
D’autres études ont démontré que le simple contact avec le tronc des arbres nous fait du bien.
Des chercheurs ont demandé par exemple à des volontaires de toucher des panneaux de bois bruts ou diversement enduits. Résultat : le bois brut entraînait un abaissement bénéfique de la pression sanguine.

Une histoire de cortex, d’interactions, d’ondes alpha et d’amygdale
Quelques mots savants afin de vous permettre d’envoyer poliment votre chéri(e) se balader la prochaine fois qu’il/elle reviendra du boulot en râlant. Quand on broie du noir, une zone du cerveau nommée le cortex préfrontal s’active. Le Pr. Bratmana4 a constaté qu’au bout de 90 minutes de marche, le cortex préfrontal était moins actif chez les marcheurs « nature » que chez les marcheurs « urbains ». Au final, l’étude a conclu que la nature protège de la dépression et des troubles anxieux.
Zheng Chen a invité des participants à s’asseoir 20 minutes dans un environnement soit construit, soit naturel, tandis que leur activité cérébrale était enregistrée. Le constat était simple : les différentes régions cérébrales interagissent davantage quand nous sommes entourés de verdure, ce qui expliquerait pourquoi le cerveau est globalement plus performant.
Les fractales sont des formes qui font apparaître des motifs similaires à différentes échelles. Certains végétaux comme la fougère ou le chou possèdent de splendides fractales. Paul Stevens a montré que plus la biodiversitéDiversité d'espèces vivantes, capables de se maintenir et de se reproduire spontanément (faune et flore). d’un site est riche, plus sa dimension fractale est élevée et plus ce site inspire des émotions positives à ceux qui le regardent. Des chercheurs ont aussi constaté que l’exposition à des fractales naturelles entraîne la production d’ondes alpha par le cerveau, caractéristiques d’un état de relaxation.

Entourons nos enfants de verdure
Kristine Engemann qui a eu le courage de diriger une étude sur plus de 900 000 personnes est arrivée à un résultat surprenant : le risque de contracter une pathologie mentale est supérieur de 55 % chez ceux qui ont été les moins exposés à un environnement naturel durant leur enfance, par rapport à ceux qui ont été les plus exposés.
Jordi Sunyer a mené une étude sur 2 900 écoliers âgés de 7 à 10 ans démontrant que les enfants vivant à proximité d’espaces verts et ceux passant le plus grand nombre d’heures dans la nature chaque année rencontrent moins de problèmes de concentration et sont moins sujets au trouble déficitaire de l’attention. Ce lien restait vrai même quand on prenait en compte les variations de niveau socio-économique.
C’est tout simplement plus facile en plein air
Julia Torquati a soumis un groupe d’enfants de 11 ans à une série d’exercices cognitifs, tandis que leur activité cérébrale était mesurée. Une première session avait lieu en laboratoire, la seconde en plein air, dans la verdure. Résultat : les exercices réalisés à l’extérieur ont demandé moins de ressources cérébrales, et donc moins d’effort cognitif, aux jeunes participants. De plus, les résultats se sont révélés significativement meilleurs pour les tâches faisant appel à la mémoire visuo-spatiale.
Eirini Flouri a conforté ces résultats en évaluant les compétences visuo-spatiales de quelque 4 700 petits citadins de 11 ans, en regard de la proportion de végétation dans leur environnement quotidien. Et les enfants les plus exposés à la verdure ont affiché les meilleurs scores.
En résumé
Vous l’aurez compris, les études qui mettent en lumière les bienfaits de la nature s’accumulent. Vivre la nature sous toutes ses formes possibles et imaginables nous fait du bien. La nature permet de moins ruminer, d’être moins anxieux et de diminuer les probabilités de pathologies mentales. Elle stimule la mémoire, renforce la créativité et la concentration et rend plus performant intellectuellement. Elle favorise la relaxation et aide notre système immunitaire. Que nous faut-il de plus pour enfin ouvrir grand les portes des écoles et vivre pleinement l’apprentissage dans la nature ? Une chanson peut-être… Je vous propose de clôturer en écoutant « Donnez-nous des jardins » de Pierre Perret, qui avait déjà tout compris, sans pourtant y mettre des mots savants.
Isabelle Vermeir pour l’équipe « Apprendre dans la nature »
Sources
Afin de permettre une lecture agréable, certains détails des expériences n’ont pas été décrits ici, mais vous trouverez les informations complémentaires dans les sources ci-dessous. Les expériences non numérotées proviennent du dossier synthétique « Comment la nature fait du bien à notre cerveau » de la revue Cerveau & Psycho. Merci à eux pour ces magnifiques travaux.
- Berman M.G., Jonides J., Kaplan S. The cognitive benefits of interacting with nature. Psychol. Sci. 2008, 19, 1207–1212.
- Fuller R.A., Irvine K.N., Devine-Wright P., Warren P.H., Gaston K.J., Psychological benefits of greenspace increase with biodiversity. Biol. Let. 2007, 3, 390–394.
- Pour toutes les expériences non référencées, voir : Cosquer A., Jonveaux T., Mamane B., Comment la nature fait du bien à notre cerveau, Cerveau & Psycho N°111, Mai 2019.
- Gregory N., Bratmana J., Paul Hamilton et al. Nature experience reduces rumination and subgenual prefrontal cortex activation. PNAS, 2015, 8567–8572.
Acte III : Pratique
Pour les adeptes des kits de construction, clé Allen dans une main et mode d’emploi dans l’autre, la déception risque d’être grande car le kit « Apprendre dans la nature » n’existe pas. Les kits, on est d’accord, c’est rassurant.
On a l’impression de contrôler la situation du début à fin. Si au cours de certaines étapes cela dérape un peu, on s’en tire en général avec quelques jurons bien placés à l’attention du fabricant pour finalement admirer notre montage avec une certaine fierté. La démarche d’« Apprendre dans la nature » consiste plutôt à jongler avec le côté rassurant d’un cadre et le côté libérateur (ou parfois inquiétant) du lâcher prise.
Et encore, ce cadre, vous n’en recevrez que quelques esquisses. Car le temps, le partage, l’expérience et les découvertes vous permettront d’en renforcer les traits afin de savourer une œuvre qui sera unique, la vôtre, celle que vous aurez construite avec vos élèves.
La charte et le journal de bord
Créer une charte avec vos élèves, c’est poser le cadre indispensable quand on change de décor.
Le contenu va bien sûr varier d’une classe à l’autre, mais il est important d’y retrouver quelques éléments essentiels : nommer le projet et ses participants, lui donner du sens, une fréquence, une durée, un contenu, un repère spatial, un cadre de sécurité ainsi que les consignes de comportements respectueux tant envers le groupe qu’envers la nature.

Deux démarches sont possibles pour créer cette charte :
- soit vous vivez une sortie ensemble permettant de bénéficier du vécu (les peurs, les découvertes, les joies, les incertitudes, les questions...) pour élaborer la charte.
- soit vous réfléchissez ensemble au projet afin d’élaborer la charte avant la première sortie.
Quel que soit le chemin que vous empruntez, cette charte sera évolutive, car de nouveaux éléments pourront s’y ajouter au fur et à mesure des expériences.
Expériences qui seront notées dans le journal de bord. Prenez en soin, notez-y les aspects pratiques (date, lieu, horaire, trajet, nombre d’élèves…) ainsi que les activités prévues et leurs durées, les observations, les aventures et mésaventures, les questions, les activités spontanées & les rencontres. Ce sera un trésor dans lequel vous pourrez piocher pour trouver des éléments de départ ou de continuité avec les thèmes que vous souhaitez aborder ou que vous avez déjà abordés avec vos élèves. Cet outil vous permettra ainsi de relier l’école du dehors aux socles de compétences. N’oubliez pas non plus de prendre des photos des activités et des résultats, ceux-ci pourront s’avérer précieux pour documenter et faire la synthèse des acquis.
Les repères
A l’école, les repères spatiaux et temporels sont mis en place en début d’année et ne changent généralement que très peu. Dehors, ceux-ci seront à reconstruire et tout comme l’élaboration de la charte, la construction des repères peut se faire de manière collective et expérimentale.
Vous constaterez que les élèves vont spontanément trouver et créer des repères spatiaux. Ils s’installent près d’un buisson pour une collation, se regroupent autour de vous quand vous vous asseyez sur un banc, s’abritent sous un arbre quand il pleut et jouent avec les cailloux au bord d’un sentier.

Tant d’endroits qu’ils pourront nommer, et vous les encouragerez à le faire, et qui deviendront par la suite des repères remplis de sens. Pour les repères temporels, c’est le moment d’observer à nouveau le soleil. Où est-il, à l’arrivée, au moment du pique-nique et au départ ? Et pourquoi pas cartographier le soleil à ces différents moments clés et à travers les saisons.
De petits instruments de musiques diversifiés permettent la mise en place des repères d’organisation et de sécurité : le signal de départ et d’arrivée, le signal de rassemblement ainsi qu’un code pour le type de balade (sécurité, libre, silencieuse…). Quant aux limites des espaces et leur utilisation (jeux, recherche, libre, repos, lecture, repas, observation…), il faudra bien sûr combiner la réglementation de l’ espace vertLes espaces verts englobent les jardins et domaines privés, les parcs et forêts publics, les espaces verts liés à l infrastructure ferroviaire et aux routes, les friches, les zones agricoles, les zones récréatives et les cimetières. avec la spontanéité des élèves afin d’assurer le respect de l’environnement ainsi que la sécurité des enfants. Dans certaines situations, des délimitations avec un code (petits drapeaux avec des pictogrammes…) seront nécessaires. D’autres fois, les enfants vont bouger dans des repères spatiaux existants (un chemin, une pelouse, une rangée d’arbre…) et il n’y aura rien d’autre à ajouter.
L’organisation
Afin d’être serein tout au long du projet, quelques éléments clés sont à prendre en compte. Vérifier la question des assurances pour déterminer le nombre d’accompagnants nécessaires et élaborer un calendrier afin que ceux-ci puissent s’inscrire. Communiquer auprès des parents les dates de sorties afin que les enfants portent des vêtements adaptés. Communiquer auprès des responsables de l’école les dates, les parcours, les lieux, les horaires et la personne de contact. Il est aussi très important que le protocole de sécurité, à mobiliser en cas de problème, soit clair pour tous.

Préparez un petit coin sortie, dans lequel vous regroupez la base pour les sorties : le carnet de bord, la liste des enfants ainsi que le numéro de téléphone des parents (et pour les plus petits un badge pour chaque moussaillon), les chasubles, des mouchoirs, une trousse de secours, un sachet de récolte en tissu. Le reste du matériel dépendra des activités prévues. Chaque enfant pourrait aussi avoir son petit sachet du dehors : un crayon, un petit carnet, une gomme, une corde, une pince à linge et une loupe. Restez dans des choses simples, la nature à tellement à nous offrir.
Essayez d’impliquer les enfants dans l’organisation des sorties, tant pour la préparation que sur le terrain, en créant des groupes responsables : météo (communiquer les vêtements adéquats), matériel (distribuer sachets du dehors, les chasubles, les badges), confort (mouchoirs, bâche pour se protéger, cordes pour l’attacher), trajet (déterminer le trajet et être le guide).
Une prospection du trajet est conseillée si l’on se promène avec des plus petits, mais avec les plus grands cela n’est pas nécessaire. Le trajet peut devenir un moment d’exploration et d’apprentissage, tant pour la préparation que pendant celui-ci. C’est l’occasion de sortir une carte, de laisser les élèves tracer un parcours et estimer le temps du trajet. Lors du trajet, des recherches sur de nombreuses thématiques sont possibles : chiffres, formes, couleurs, cycle de l’eau, énergie, histoire, géographie…
Le lieu des sorties est à définir selon vos priorités, mais si vous souhaitez que les sorties soient régulières et faciles choisissez un lieu proche et accessible à pied. Sur le site BrusselsGardens, vous pouvez découvrir les espaces verts autour de votre école. Une petite prospection avant la première sortie est conseillée afin d’éviter des mauvaises surprises. Il se peut que certaines entrées soient fermées, certaines parties inaccessibles ou tout simplement peu accueillantes. Veillez à ne pas parcourir de trop longues distances, prenez le temps de découvrir l’espace petit à petit. Cela permettra aux enfants de se familiariser avec les lieux, de s’y sentir bien et de dessiner une carte de manière successive. Et pourquoi ne pas la dessiner en classe et ajouter des éléments naturels trouvés lors des sorties ? Car oui, vous allez emmener la classe dehors et la classe peut emmener le dehors en classe...
Le contenu
Le contenu que vous souhaitez aborder lors des sorties dépendra fortement de la manière dont vous souhaitez aborder l’apprentissage du dehors. De manière générale, on peut différencier trois approches :
- La première consiste à déplacer une activité d’intérieur à l’extérieur. On se retrouve à l’extérieur, mais il n’y a pas d’interactions concrètes avec le milieu extérieur. Ce qui n’enlève rien au bien-être et aux changements de comportements que cela peut susciter.
- La deuxième consiste à amener une activité d’intérieur à l’extérieur et de trouver comment utiliser l’environnement pour augmenter l’apprentissage. Par exemple, mettre des brindilles en ordre croissant.
- Dans la troisième démarche, le lieu est l’élément de départ dans le processus de l’apprentissage pour susciter l’action et puis intégrer les socles de compétences.
Peu importe l’approche, l’important est de rester ouvert à ce que ce nouveau contexte va amener comme réflexions et questionnements. C’est d’ailleurs peut-être le regard et les réflexions des élèves qui vont vous permettre de jongler entre les différentes approches, car il ne faut pas oublier que le lieu permet de mettre en contexte d’apprentissage. Et plus on met en contexte, plus on les rend vivants. Plus on les rend vivants, plus les élèves sont investis, motivés et curieux.
Il est certain que de nombreuses découvertes vous attendent si vous vous lancez dans ce projet, et que plus d’une fois vous vous retrouverez décontenancé ou surpris par la tournure des choses. Il est certain aussi que prouver les acquis sur une feuille de calcul semble plus simple qu’à travers un journal de bord et quelques photos.
Pourtant, apprendre dans la nature rend les acquis plus riches et plus ancrés, car pétris de vécu.

Sources
Sites de référence :
- Silviva : Centre de compétence national suisse pour l’apprentissage avec la nature
- Enseigner dehors : site web issu du projet Enseigner dehors de la Fondation Monique-Fitz-Back présentant des approches pédagogiques, astuces, témoignages, banque d’activités collaborative et de ressources pratiques…
Livres inspirants :
- L’école à ciel ouvert – Sarah Wauquiez, Nathalie Barras, Martina Henzi (Fondation Silviva)
- Trésors du dehors – Collectif Tous dehors