Cours d’eau et pollution
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- Pollution
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- Émissions
La Région bruxelloise est traversée par trois cours d’ eaux de surfaceOn fait habituellement la distinction entre l’eau de mer et les eaux intérieures, lesquelles sont à leur tour subdivisées en eaux de surface et eaux souterraines. Les eaux de surface font référence à l’eau qui coule ou stagne à la surface de la terre. Elles comprennent l’eau des lacs, des rivières et des plans d’eau (étangs, bassins artificiels, mares, etc.) , réalisé par Bruxelles Environnement en 2013, permet de quantifier les principaux polluants et d’identifier les sources de pollution les plus importantes, pour pouvoir améliorer la qualité des eaux.
Un inventaire détaillé
Grâce au système WEISS (Water Emission Inventory Support System), Bruxelles Environnement dispose d’un inventaire détaillé et quantitatif des émissions nettes de 86 polluants, potentiellement présents dans les cours d’eau : charge organique, azote, phosphore, métaux, hydrocarburesCe sont des composés organiques liquides constitués de carbone et d’hydrogène dérivés du pétrole. Le mazout, l’essence et d’autres types d’huiles minérales en font partie. Ces huiles ont la particularité d’avoir une faible densité. Lorsqu’elles s’infiltrent dans le sol, elles peuvent atteindre l’eau souterraine et y former une couche flottante. , pesticides, polluants industriels…
Les principales sources de pollution
L’inventaire intègre 20 sources essentielles de pollution, des eaux uséesEaux qui ont été affectées à un usage domestique ou industriel et qui sont généralement chargées de différentes substances. des ménages aux émissions des entreprises, en passant par les émissions diffuses issues des bâtiments, du trafic routier ou du transport fluvial. L’analyse prend également en compte les caractéristiques propres de la Région : une zone urbaine très dense, une forte imperméabilisation des sols, des activités économiques essentiellement liées à des services et des bureaux, un nombre élevé d’employés en provenance des régions voisines engendrant un important trafic routier.
La localisation des sources de pollution
En précisant le chemin emprunté par les polluants vers les cours d’eau, cet inventaire permet de remonter aux sources de la pollution, qu’elles soient ponctuelles et localisées (un rejet d’égout, par exemple) ou diffuses, comme l’eau de ruissellement sur les routes. On constate ainsi qu’à Bruxelles, 80% de la pollution des cours d’eau est dû aux rejets liés aux impacts de la population, y compris le trafic, et seulement 20% des rejets sont attribuables aux activités des entreprises. Les déversoirs d’orage, qui rejettent le trop-plein des égouts en cas de pluie abondante, sont souvent la voie d’accès la plus importante de cette pollution.
La Senne
Berceau de Bruxelles qui est née dans sa vallée, la Senne est couverte sur 10 des 16 km qu’elle parcourt en Région bruxelloise. Avec près de 79% des pollutions, c’est le cours d’eau de la Région qui reçoit le plus de polluants. On y trouve, en particulier, des hydrocarburesCe sont des composés organiques liquides constitués de carbone et d’hydrogène dérivés du pétrole. Le mazout, l’essence et d’autres types d’huiles minérales en font partie. Ces huiles ont la particularité d’avoir une faible densité. Lorsqu’elles s’infiltrent dans le sol, elles peuvent atteindre l’eau souterraine et y former une couche flottante. (huiles minérales et hydrocarbures aromatiques polycycliques), des métaux, de l’azote, du phosphore et des matières organiques. Sa qualité écologique est ainsi considérée comme mauvaise. La Senne reçoit les eaux épurées issues des deux stations d’épuration de la Région qui, en cas de pluie abondante, sont par ailleurs moins bien épurées. Les principaux déversoirs d’orage y sont également connectés. En définitive, la vie est difficile dans ce cours d’eau, trop pollué, aux berges droites en béton et où règne l’obscurité.
Le Canal
Masse d’eau artificielle créée à la fin du 16e siècle, le Canal est alimenté par différents cours d’eau de surfaceOn fait habituellement la distinction entre l’eau de mer et les eaux intérieures, lesquelles sont à leur tour subdivisées en eaux de surface et eaux souterraines. Les eaux de surface font référence à l’eau qui coule ou stagne à la surface de la terre. Elles comprennent l’eau des lacs, des rivières et des plans d’eau (étangs, bassins artificiels, mares, etc.) tout au long de son parcours. Il sert essentiellement de voie navigable et accueille des activités portuaires. Parmi les polluants identifiés, on trouve principalement des hydrocarburesCe sont des composés organiques liquides constitués de carbone et d’hydrogène dérivés du pétrole. Le mazout, l’essence et d’autres types d’huiles minérales en font partie. Ces huiles ont la particularité d’avoir une faible densité. Lorsqu’elles s’infiltrent dans le sol, elles peuvent atteindre l’eau souterraine et y former une couche flottante., des métaux (zinc, nickel, plomb), de l’azote et du phosphore. Cette pollution provient surtout des eaux uséesEaux qui ont été affectées à un usage domestique ou industriel et qui sont généralement chargées de différentes substances. des ménages et des entreprises, essentiellement via les déversoirs d’orage ou, dans une moindre mesure, de rejets directs. Parmi les autres sources de pollution du Canal, on trouve également le trafic routier, notamment pour les hydrocarbures, et la corrosion de l’enveloppe extérieure des bâtiments, pour le plomb en particulier.
La Woluwe
La Woluwe est le cours d’eau de la Région de Bruxelles-Capitale le moins pollué. Elle prend sa source en forêt de Soignes et ne connaît quasiment pas de rejets directs. Les hydrocarburesCe sont des composés organiques liquides constitués de carbone et d’hydrogène dérivés du pétrole. Le mazout, l’essence et d’autres types d’huiles minérales en font partie. Ces huiles ont la particularité d’avoir une faible densité. Lorsqu’elles s’infiltrent dans le sol, elles peuvent atteindre l’eau souterraine et y former une couche flottante. sont les seules substances qui y posent problème, principalement liées aux sources diffuses comme la pollution de l’air et le trafic routier. Ces émissions vont rejoindre la Woluwe par ruissellement direct et par les déversoirs d’orage. Reste que la qualité biologique de la Woluwe ne peut pas encore être considérée comme satisfaisante, notamment parce qu’elle est couverte sur près de 40% de son tracé et que de nombreuses barrières physiques empêchent la libre migration des poissons.
Surveillance de la qualité de l’eau
La qualité de l’eau de nombreux cours d’eau (en particulier la Senne, le Canal et la Woluwe), ainsi que de quelques étangs (dont les étangs de Boitsfort), est surveillée mensuellement par Bruxelles Environnement. Le réseau de mesures comprend actuellement 22 sites de surveillance répartis sur le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale. Ce sont principalement des paramètres physico-chimiques (oxygène dissous, température, matières en suspension, acidité, concentration en nutriments,…), déterminant la qualité de base de l’eau, qui y sont ainsi contrôlés.
La concentration en certains polluants chimiques ( hydrocarburesCe sont des composés organiques liquides constitués de carbone et d’hydrogène dérivés du pétrole. Le mazout, l’essence et d’autres types d’huiles minérales en font partie. Ces huiles ont la particularité d’avoir une faible densité. Lorsqu’elles s’infiltrent dans le sol, elles peuvent atteindre l’eau souterraine et y former une couche flottante. , métaux lourdsNom générique d'un groupe de métaux de densité relativement élevée, tels que le plomb, le mercure, le zinc et le cadmium. Ces métaux sont présents naturellement dans l'environnement et sont même nécessaires à certains processus naturels. Ils sont toutefois nocifs en concentrations élevées. Les principales sources de métaux lourds sont l'industrie non ferreuse, la combustion de combustibles fossiles, l'incinération de déchets et le trafic. , pesticides,…), nocifs pour l’environnement ou l’homme, y est également analysée. Les résultats sont ensuite confrontés aux normes bruxelloises et européennes (rassemblées dans l’arrêté du 24 mars 2011 du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale et sa révision du 17 décembre 2015).
Constats :
Si les eaux de la Woluwe et, dans une moindre mesure, celles du Canal, apparaissent relativement peu polluées, il n’en est pas de même pour la Senne. Les analyses mettent cependant en évidence une amélioration globale très importante de la qualité physico-chimique générale des eaux de la Senne à la sortie du territoire régional. Pour les années récentes, l’évolution positive la plus marquée est due à la mise en fonctionnement, au Nord de Bruxelles, de la seconde station d’épuration régionale en mars 2007.
Vous trouverez plus d’informations sur l’évolution de la qualité de l’eau, mais aussi sur l’accumulation de polluants chimiques dans les sédiments et les tissus des organismes aquatiques (biote) et sur la qualité biologique des cours d’eau et étangs bruxellois ci-dessous :
- Qualité physico-chimique générale des eaux de surface (état de l’environnement)
- Qualité chimique des eaux de surface(état de l’environnement)
- Rapport de la dernière campagne de surveillance de l’accumulation de polluants chimiques dans le biote des eaux de surface (2013) (seulement en Néerlandais)
- Rapport de la dernière campagne de surveillance de la qualité des sédiments des eaux de surfaceOn fait habituellement la distinction entre l’eau de mer et les eaux intérieures, lesquelles sont à leur tour subdivisées en eaux de surface et eaux souterraines. Les eaux de surface font référence à l’eau qui coule ou stagne à la surface de la terre. Elles comprennent l’eau des lacs, des rivières et des plans d’eau (étangs, bassins artificiels, mares, etc.) (2017) (partie 1, partie 2) (seulement en Néerlandais)
- Qualité biologique des principaux cours d’eau et étangs (état de l’environnement)
- Focus : état hydromorphologique des cours d’eau bruxellois (état de l’environnement)
- Rapport 3 de la dernière campagne de surveillance de la qualité hydromorphologique des eaux de surface (2017) (seulement en français)
Notre rivière, la Senne comment se porte-t-elle?
Messages clés
- De manière générale, la Senne est de nouveau une rivière vivante, avec de l’oxygène dissous en suffisance permettant ainsi une vie aquatique (présence de poissons, mollusques, plantes,..) et ceci grâce à la mise en fonction des deux stations d’épuration bruxelloise en 2000 et 2007.
- Malgré cette très importante amélioration, la Senne reste en ‘mauvais état’ selon l’approche méthodologique (sévère) de la Directive européenne Cadre sur l’Eau. Il reste donc du ‘pain sur la planche’ pour continuer à la restaurer.
- La Senne est actuellement encore très impactée de deux manières différentes par la région-ville de Bruxelles.
- D’une part, dès qu’il pleut, des déversoirs d’orages déversent le trop plein des égouts vers la Senne causant des chutes – pendant quelques heures – de l’oxygène dans la rivière. Ceci freine sa restauration écologique. En cause, l’urbanisation et l’imperméabilisation importante des sols et l’envoi de (presque) toutes les eaux de pluies vers les égouts au lieu de les gérer là où la pluie tombe en les tamponnant/infiltrant localement dans des espaces verdurisés.
- D’autre part, la rivière est voutée sur deux tiers de son parcours en région bruxelloise et réduite à un ‘tuyau en béton’. Non seulement ceci la rend peu attractive à la vie mais ça la rend également vulnérable aux pollutions qu’elle ne sait pas ‘digérer’ à l’aide de vie aquatique et de plantes sur ses berges, son lit,… qui eux seraient en mesure de ‘consommer’ cette pollution.
- Bruxelles Environnement - en partenariat avec les acteurs de l’eau bruxellois et les régions flamande et wallonne - fait tout son possible pour restaurer au mieux sa rivière phare. Ainsi, plusieurs projets de restauration sont lancés depuis quelques années, dont certains sont cofinancés par l’Europe notamment via l’initiative LIFE IP BELINI. Pour en savoir plus : site web du projet BELINI.
On (re)vient de loin…
Avant l’entrée en fonction des deux stations d’épuration que connaît la région (la station d’épuration Bruxelles-Sud située à Anderlecht entrée en fonction en août 2000, et la station d’épuration Bruxelles-Nord située à Haren entrée en fonction en mars 2007) les eaux uséesEaux qui ont été affectées à un usage domestique ou industriel et qui sont généralement chargées de différentes substances. des bruxellois(es) arrivaient sans traitement dans la rivière Senne. En résultait une rivière morte, car tout l’oxygène était ‘consommé’ par la dégradation de la charge polluanteQuantité de polluants dans un corps. Dans le domaine de l'eau, cette charge polluante, exprimée en équivalent-habitant, sert de base au calcul de la taxe sur le déversement d'eaux usées. organique contenue dans ces eaux usées.

Diminution relative des concentrations en DBO, DCO, Nt et Pt (axe de gauche, adimensionnel) et augmentation en oxygène dissous (axe de droite, mgO2/l) présentée par l’évolution relative entre 2002 et 2012 des moyennes tri-annuelles. DBO = Demande biologique en oxygène ; DCO= Demande chimique en oxygène ; Nt= Azote total ; Pt=Phosphore total.
Depuis 2007-2009 (le temps de raccorder à la nouvelle STEP Nord différents égouts et collecteurs), grâce à l’épuration de la charge organique, l’oxygène dissous est de nouveau présent en abondance dans la rivière, et ça se traduit par un retour de la vie. En 2016, pour la première fois depuis le début du monitoring de la qualité biologique de la rivière initié une dizaine d'années auparavant, des poissons en grand nombre ont été trouvés dans la rivière Senne à plusieurs endroits de son parcours sur le territoire bruxellois.

Evolution de qualité biologique de la rivière Senne au niveau du site de mesure situé à la limite de la frontière régionale à Haren.
Figure extraite du rapport « De biologische kwaliteit van waterlopen, kanaal en vijvers in het brussels hoofdstedelijk gewest in 2016: fytoplankton, fytobenthos, macrofyten, macro-invertebraten & vissen ». Stijn Van Onsem, Jan Breine & Ludwig Triest. Feb. 2017. VUB & INBO in opdracht van Leefmilieu Brussel. MF = macrophytes, FB = phytobenthos, MI = macro-invertébrés, VIS = poissons.
… toutefois, on est encore loin d’atteindre les objectifs de la Directive européenne cadre sur l’Eau.
Selon le Plan de Gestion de l’Eau 2016-2021 de la Région de Bruxelles-Capitale, la Senne se trouve toujours en mauvais état. En effet, selon la Directive Cadre sur l’Eau (DCE), pour qu’une masse d’ eau de surfaceOn fait habituellement la distinction entre l’eau de mer et les eaux intérieures, lesquelles sont à leur tour subdivisées en eaux de surface et eaux souterraines. Les eaux de surface font référence à l’eau qui coule ou stagne à la surface de la terre. Elles comprennent l’eau des lacs, des rivières et des plans d’eau (étangs, bassins artificiels, mares, etc.) telle que la rivière Senne soit considérée en ‘bon état’, elle doit être à la fois en bon état écologique et en bon état chimique. A son tour, pour être en bon état écologique, la rivière doit avoir et une bonne qualité physico-chimiqueet biologique, ainsi qu’une bonne qualité hydromorphologique et chimique ! Dès qu’un élément est mauvais, tout le devient. Ça s’appelle le principe ‘one-out-all-out’. En effet, selon cette méthodologie sévère, la Senne n’est pas en bon état, mais c’est le cas pour une grande partie des rivières en Europe..
Quels sont les points forts et points faibles de la rivière Senne ?
Commençons par les points forts : Le niveau d’oxygène dissous, indicateur phare de la santé d’une rivière, est de nouveau au beau fixe. En 2017, il était en moyenne de 8 mg O2/L (à partir de 6 mg O2/l on est dans le bon). Aussi, de manière générale, presque tous les paramètres décrivant la qualité physico-chimique (pollution organique, nutriments, température,..) sont bons.
Les points faibles… sont encore multiples : De par son faible débit – en particulier en fin d’été – et donc sa faible capacité de dilution, sa faible qualité hydromorphologique (elle est voûtée sur deux tiers de son parcours bruxellois), et les multiples déversements d’égouts par temps de pluie, la Senne a un mauvais bulletin pour pas mal d’éléments significatifs pour la qualité. Toutefois, l’espoir est permis, car plusieurs mesures phares du plan de gestion telle que la mise à ciel ouvert de la Senne sur certaines portions, ainsi que l’améliorationdes déversoirs sont en mesure d’améliorer significativement sa qualité et sont en cours de mise en œuvre.
Pour en savoir plus :
En maintenant ? Place à la restauration et à la renaturation !
En partenariat avec les acteurs concernés (Vivaqua, les communes, …), Bruxelles Environnement a des objectifs ambitieux pour la restauration de sa rivière phare. Pour n’en citer que quelques-uns, voici quelques projets réalisés dernièrement et prévus pour les prochaines années :
- Création d’une zone d’immersion temporaire et d’une zone humide le long de la Senne à Anderlecht (2018/2019) (Voir time-lapse réalisation des travaux)
- Renaturation des berges de la Senne et création d’une balade le long du boulevard Paepsem à Anderlecht (2018/2019) (Pour en savoir plus : LIFE-Belini)
- Etude pour la mise à ciel ouvert de la Senne au centre au niveau du Parc Maximilien (2018)
- Etude de mise en perspective de la Senne le long du Boulevard Poincaré (2019) (Pour en savoir plus : Etude de mise en perspective de la Senne – CRU5 – Pôle Poincaré (.pdf))
- Mise à ciel ouvert de la Senne dans le Nord de Bruxelles (2020/2021)
- …
Pour en savoir plus :