Manger local à Bruxelles : 2 modèles de production
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Vous préférez savourer des aliments cultivés sans pesticides, en circuit court et de saison ? Sachez qu’en 2022, plus de 470 tonnes de nourriture de qualité ont été produites par les agriculteurs et agricultrices bruxellois. Ce qui représente une double quantité de production de fruits et légumes par rapport à il y a 4 ans De quoi ravir vos papilles mais aussi permettre à tout un secteur durable de se développer. Découvrez 2 témoignages, celui de Zofia Zaniewski, maraîchère à Smala Farming, et de Stijn Roovers, directeur d’exploitation chez PermaFungi.
Smala Farming, du champ à votre assiette
Smala Farming a démarré ses activités en 2018, sur un terrain de la commune d'Anderlecht. Zofia Zaniewski a pu y développer son activité à plein temps grâce à l’appel à projets BoerenBruxselPaysans* : un soutien financier pour produire de manière agro-écologique.
L’objectif était de cultiver de nombreuses variétés de légumes, sachant que sur son terrain de 60 ares, tout se fait manuellement, sans aucune forme de mécanisation ! On y trouve des petites verdures, des courges, des carottes, des épinards, tomates, poivrons, aubergines, quelques fruits. Viennent aussi s’ajouter des types de choux (rouge, blanc, pointu, fleur, brocoli..) qui sont typiquement des légumes que certains petits maraîchers ou maraîchères ne font plus ou en moindre quantité « car ils prennent du temps, de l'espace et ne sont pas toujours les plus rentables. C’est clair, le but n’est pas de planter des pommes de terre et de les exporter pour les transformer en frites ou en chips », nous explique Zofia sur le ton de la plaisanterie.
En 2024, l’équipe s’est agrandie avec l’arrivée de Fiona, une nouvelle cultivatrice (Bluëtte).
* BoerenBruxselPaysans, projet pilote porté par Bruxelles Environnement (2015-2023) destiné à soutenir la production et la transformation alimentaire durables en Région de Bruxelles Capitale.
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Smala Farming produit des légumes moins cultivés par les maraîchers traditionnels
Où trouver ces produits de saison ?
La distribution des fruits et légumes se fait dans plusieurs endroits. Dans le restaurant « Resto Smala » à Saint-Gilles, qui fait partie de l’aventure depuis le début. Dans des épiceries bio, dont l’un des gros clients est Bio Vrac. De plus petits volumes vont dans des coopératives comme Wandercoop, à Anderlecht ou Bloum, épicerie coopérative à Forest.
Mais le canal principal, ce sont les paniers auxquels les gens s’abonnent à l’année, d’avril à décembre. « Durant le Covid, il y a eu un fort engouement pour les produits locaux. On faisait des paniers sur commande parce qu'on ne pouvait plus faire de marché. Aujourd’hui, les paniers restent vraiment un soutien. Comme ça, on peut savoir qu'une partie de notre production est déjà vendue », explique Zofia. « On propose de la variété qui provient un maximum du champ. On adapte en fonction des saisons. » En 2023, Smala Farming tournait avec 37 abonnés, l’objectif est d’en atteindre 50.
Parfois, en été, Zofia fait les marchés. Ou invite les riverains et riveraines directement sur le champ, pour boire un petit verre et déguster quelques snacks.
Globalement, nous travaillons notre sol juste à la main. On a un rapport particulier avec notre sol, on le chouchoute, on essaye de le toucher au minimum pour que la vie du sol fasse son travail. On va l'aérer de temps en temps. Après, on lui apporte beaucoup de matière organique.
Une vitrine de l’agriculture locale
Smala Farming se veut aussi un projet modèle, et un lieu de sensibilisation. « Cela me tient à cœur d'accueillir des écoles ou des groupes d'adultes en formation, ou simplement les clients et clientes qui viennent avec leurs enfants. Si on prend le temps de montrer une carotte à un enfant de 3 ans, c'est génial, parce que ses yeux s'illuminent la première fois qu'il la voit », nous dit Zofia. « Quand je demande à des petits : ‘Qui a besoin d'un agriculteur dans sa vie de tous les jours ?’ Pas de réponse. Parce les plus jeunes ne font pas de lien entre la production et les légumes que l’on trouve au magasin. Alors que tout vient de la terre. »
Bon à savoir
L'objectif à l’horizon 2035 de la Région bruxelloise via sa stratégie Good Food : produire 30% des fruits et légumes consommés dans les 19 communes sur le territoire de la Région voire, dans sa périphérie immédiate.
Des champignons, symbiose entre ville et nature
Depuis 2013, PermaFungi est une entreprise d’économie sociale qui produit des champignons bios et locaux. En 2016, la surface de production est passée de 60 m2 à plus de 1.200 m2, en s’installant dans des caves de Tour et Taxis. Son principe ? Recycler le marc de café, déchet urbain, dont 15.000 tonnes sont jetées par an à Bruxelles pour y faire pousser des pleurotes. « Aujourd’hui, nous pouvons produire jusqu’à une tonne de pleurotes par mois », précise Stijn Roovers, directeur d’exploitation. « Si on a choisi le marc de café, c’est parce qu’il était « emblématique » : il représente un gisement organique illimité, véritable or noir, et est intrinsèquement lié à notre culture bruxelloise ». Comme le marc ne peut pas être utilisé comme compostProcessus naturel de transformation de la matière organique sous l’action d’organismes vivants, dans des conditions contrôlées, en humus et nutriments pour le sol et ses habitants. dans sa forme pure, il est mélangé à de la paille pour former un terreau naturel.
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La culture de pleurotes sur marc de café
Le marc de café, un déchet valorisé
Le point de départ de PermaFungi, c’est la valorisationToute opération dont le résultat principal est que des déchets servent à des fins utiles en remplaçant d’autres matières qui auraient été utilisées à une fin particulière, ou que des déchets soient préparés pour être utilisés à cette fin, dans l’usine ou dans l’ensemble de l’économie. du marc de café. Auparavant, ce déchet finissait immanquablement à l’incinérateur, dégageant de grandes quantités de dioxyde de carbone et de méthane. « Le marc de café existe en quantité colossale en Belgique, c'est énorme ce que les Belges consomment de café en moyenne ! », poursuit Stijn. « En le récupérant, on évite de l’incinérer et on contribue donc à réduire les émissions de CO2. »
Au départ, l’entreprise a conclu un accord avec 8 magasins Exki à Bruxelles, pour collecter leur marc de café. « Depuis quelques années, une quinzaine de filiales Pain quotidien, en Région bruxelloise, centralisent leur marc de café et le déposent sur notre site. Pour eux, c'est moins cher que de payer pour la collecte professionnelle. Globalement, nous avons un large réseau de partenaires », explique Stijn. Une opération win-win pour les entreprises engagées dans le projet.
Où trouver les pleurotes PermaFungi ?
Les champignons sont distribués dans une série d’épiceries et de marchés bios, comme par exemple, le marché bio des Tanneurs, un des premiers magasins bio du centre de Bruxelles. On les trouve également dans des restaurants. « Et comme nous avons vraiment augmenté la quantité, nous avons noué un partenariat avec l’enseigne bien connue les Tartes de Françoise qui développe une tarte salée aux potirons de septembre à avril, spécifiquement avec nos pleurotes », souligne Stijn.
« Un de nos projets consiste également à créer un réseau de champignonnières, pour que d’autres entreprises puissent produire sur notre modèle, et bénéficier de notre expertise. Avec le soutien de Bruxelles Environnement, nous avons testé ce type de réseaux dans des autres villes, pas au nom de PermaFungi mais en accompagnement pour la mise en place de nouvelles productions. Cela a bien fonctionné. »
Une nouvelle activité innovante : la production de myco-matériaux
En 2022, PermaFungi a pivoté vers une nouvelle activité : la production de myco-matériau naturel. Qu’est-ce que c’est ? Le myco-matériau est un matériau obtenu à partir de déchets organiques transformés par l'action naturelle du mycélium. Et à quoi sert-il ? La production de myco-matériau est capable de concurrencer le plastique, en priorité dans les secteurs de l'emballage et de l'isolation, représentant un enjeu sociétal et économique majeur.
PermaFungi vise à diversifier sa production, toujours en utilisant le marc de café, mais dans la proportion 50/50 pour les myco-matériaux, à savoir 50% de marc de café et 50% de paille ou de sciure. Cela permettra aussi de valoriser des déchets de bois comme la sciure et les copeaux. Une nouvelle filière à suivre.
Vous aussi, cultivez vos champignons à la maison
Dans sa boutique, PermaFungi propose aussi des kits tout faits, pour que vous puissiez cultiver des pleurotes dans votre cuisine. La croissance est très rapide (10 jours) et le champignon peut prendre de nombreuses formes. Le principe est simple : il suffit d’ouvrir et d’arroser !
Vous préférez réaliser votre propre kit de culture ? Un workshop vous introduit au monde des champignons et vous permet de mettre la main à la pâte pour vous permettre de récolter vos champignons à la maison.
Avez-vous une cave que vous pouvez réserver à la culture de champignons ? C’est l’environnement idéal pour les faire pousser. Chez PermaFungi, vous pourrez découvrir toutes les techniques de production, lors d’un atelier ou d’une formation plus intensive pour ceux et celles qui voudraient en faire une activité lucrative.
Le saviez-vous ?
Liens utiles
- Smala Farming
- PermaFungi
- Le Rabad (réseau des acteurs bruxellois pour une alimentation durable) représente 44 organisations (agriculture, distribution, restauration et ONG) qui travaillent autour de l'alimentation durable.
- Toutes les bonnes adresses bio à Bruxelles sur la plateforme Bioguide.be