Ma voiture ne rentre plus dans la Zone de basses émissions (LEZ) et alors ?
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Rencontre avec Marie, qui depuis un an et demi, ne peut plus rentrer dans Bruxelles avec sa voiture. Celle-ci ne répond plus aux critères d’accès de la Zone de basses émissions (LEZ). Désormais, pour circuler en ville, elle combine les modes de transport et apprécie cette façon plus durable de se déplacer.
Votre véhicule ne peut plus circuler à Bruxelles, votre 1ère réaction ?
Je vis à Nivelles et je venais souvent en voiture pour me simplifier la vie, par exemple le soir ou pour me rendre dans des coins plus éloignés de la ville. Mais honnêtement, ce changement ne m’a pas beaucoup impactée. La première fois, c’était un peu compliqué, c’est vrai que cela a dû m’embêter sur le coup, mais ensuite je me suis organisée en déposant ma voiture sur le parking de Drogenbos. Le train me convient aussi parfaitement, c’est d’ailleurs avec ce moyen de transport que je me rends au travail. Donc finalement, c’est une très bonne chose pour tout le monde qu’il y ait moins de voitures dans Bruxelles.
Est-ce que cela a transformé vos habitudes au quotidien ?
Au quotidien, pas du tout. Je ne suis pas une grande utilisatrice de la voiture et j’ai plutôt tendance à oublier là où je me suis garée... Non, c’est plutôt pour les petits trajets que l’on doit faire sur un coup de tête. Hop, on part et une demi-heure après, on y est. Prendre le train nécessite plus de préparatifs, il faut organiser ses déplacements, etc. Mais pour ma part, c’est plutôt positif car cela me permet de prendre le temps. Maintenant, je ne pense pas que cette règle soit très équitable pour tout le monde, parce que certaines personnes vivant en dehors de Bruxelles doivent récolter des amendes insensées. Ce n’est donc probablement pas cool pour tout le monde !
Vos autres solutions de mobilité ?
En général, c’est le tram, je suis utilisatrice des transports en commun, combiné à la marche à pied. Et de temps en temps, j’opte pour des voitures partagées, comme Miles par exemple.
Quelles sont vos motivations personnelles pour ne plus rouler en voiture ?
Tout d’abord, l’aberration de rajouter une voiture de plus dans la ville. Ce n’est pas toujours nécessaire de se déplacer en voiture. Ensuite, rendre la ville plus respirable : on rendrait Bruxelles piétonne, je serais complètement pour ! Les motivations sont en effet la santé et le bien-être. Et aussi, plus on demande de diminuer la voiture, plus il y en a, c’est donc un problème, probablement politique mais aussi citoyen.
Diminuer encore le nombre de voitures, une bonne solution ?
Oui, disons que si on veut vraiment faire bouger les choses, il ne faut pas autoriser les gens à avoir autant de voitures par maison, par exemple. Et tout le monde n’a pas non plus les moyens de rouler en vélo-cargo et ce n’est d’ailleurs pas une solution non plus... Le problème est le même pour tout le monde et je pense que les politiques devraient montrer l’exemple, en supprimant les voitures de société. Ce serait déjà un bon signal envers la population. Donc diminuer drastiquement le nombre de voitures ou alors les surtaxer, mais là ce ne serait pas équitable non plus.
Que faire pour pousser les citoyens, citoyennes à prendre davantage les transports publics ?
Les rendre gratuits, ce serait déjà une solution ! Moi, quand je viens à Bruxelles avec mes 3 enfants, prendre les transports en commun, cela coûte cher par trajet. C’est donc quand même un frein. On se déplace aussi beaucoup à pied, la ville n’étant pas non plus très étendue.
Bon à savoir
La LEZ, c'est quoi ?
C’est l’abréviation de Low Emission Zone en anglais ou Zone de basses émissions en français. Cette Zone de basses émissions a pour objectif de limiter la circulation des véhicules les plus polluants à terme. L’objectif : améliorer la qualité de l'air et limiter l'impact de cette pollution sur notre santé. De nombreuses villes belges (Anvers, Gand) et européennes ont adopté cette mesure.
Retrouvez plus d’infos sur la LEZ.
Alice, notre experte LEZ, répond à 5 questions
1. Pourquoi ces mesures à Bruxelles ?
La mauvaise qualité de l'air a des impacts très importants sur la santé des Bruxellois, Bruxelloises, notamment pour les femmes enceintes, les enfants, les aînés, les personnes souffrant de maladies respiratoires ou cardio-vasculaires, les personnes fragilisées, etc. La Zone de basses émissions interdit en priorité les véhicules diesel les plus âgés, parce qu’ils émettent davantage de polluants, comme les microparticules et le NO₂ (dioxyde d'azote). C'est la raison pour laquelle les critères d'accès sont plus stricts pour les diesel que pour les véhicules essence. Maintenant outre la qualité de l’air, l’un des grands défis de la Région est de diminuer les émissions de gaz à effet de serreGaz qui absorbe une partie des rayons du soleil et les restitue sous la forme de rayonnements, lesquels rencontrent d'autres molécules de gaz et reproduisent ainsi le processus, entraînant l’effet de serre, qui engendre une augmentation de chaleur. Les principaux gaz à effet de serre dont l’origine est essentiellement liée à des activités humaines sont le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et l’ozone troposphérique (O3).. On utilise donc l'outil Zone de basses émissions pour sortir du thermique dans le transport, afin de pouvoir atteindre nos objectifs climatiques.
2. Comment réagissent les citoyens, citoyennes depuis la mise en place de la LEZ ?
La LEZ a été initiée en 2016 et mise en place en 2018. Depuis, on voit déjà des effets très positifs en matière d'amélioration de la qualité de l'air, ce qui est très encourageant ! Nous rencontrons d’une part du soutien de certaines associations et aussi du grand public par rapport à cette mesure car la demande est de pouvoir respirer un air plus sain dans nos quartiers. D’autre part, une partie de la population rencontre des difficultés dans le sens où la LEZ implique de devoir modifier ses habitudes de déplacement. C’est donc le moment clé pour les citoyens, citoyennes de se poser les bonnes questions :
- Est-ce que je continue à me déplacer en voiture et donc, est-ce que je remplace mon véhicule, avec par exemple un véhicule essence de seconde mainPrincipe selon lequel on donne, revend, reçoit, achète ou échange des biens en bon état, dont le premier propriétaire veut se débarrasser, afin d'éviter qu ils ne fissent comme déchets. ? Ce qui est tout à fait envisageable vu la souplesse du calendrier LEZ.
- Est-ce que j’en profite pour me déplacer autrement et tester la multimodalité : les transports publics, le vélo, la marche, le train, et de faire un mixe de tous ces modes de déplacement ?
Ce n’est pas facile, certes, mais choisir la multimodalité peut avoir un impact positif sur les finances d’un ménage bruxellois qui utilise peu sa voiture.
3. Quel bilan après 6 ans de LEZ ?
On observe un basculement du parc en circulation. Alors qu'en 2018, on avait une majorité de véhicules diesel, aujourd'hui, on observe une majorité de véhicules essence. Ce qui se traduit par des effets positifs en termes de qualité de l'air, comme l’attestent les derniers résultats. Il faut savoir que la Région bruxelloise respecte tout juste la directive européenne Qualité de l’air. Il faut espérer que cette tendance se maintienne, même si dans certains quartiers, on assiste encore à des dépassements de dioxyde d'azote. Ensuite, on ne respecte pas du tout la prochaine directive qui doit être votée au Parlement européen et encore moins les normes fixées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). L’enjeu de la qualité de l’air est donc essentiel.
4. En quoi consiste votre travail sur la LEZ chez Bruxelles Environnement ?
Cette mission, c’est d’abord un travail d’équipe entre 5 administrations selon les compétences de chacune : Bruxelles Environnement, Bruxelles Mobilité, Bruxelles Fiscalité, Paradigm (partenaire informatique de la Région) et safe.brussels (prévention et sécurité sur le territoire de la Région). Chez Bruxelles Environnement, notre équipe de 11 personnes est en charge :
- du monitoring : suivi du parc en circulation, de la qualité de l’air avec notre labo Air et publication du rapport d’évaluation
- des campagnes de communication et du contenu web
- du call center
- du suivi des évolutions législatives et de leur intégration
- des aspects juridiques
- des mesures d’accompagnement
5. Justement les mesures d’accompagnement, c’est un volet important pour le citoyen, la citoyenne, en quoi consistent-elles ?
Parmi les plus connues, gérées au sein de Bruxelles Environnement, nous pouvons citer :
- pour le citoyen : la prime Bruxell’Air et le Mobility coach
- pour les entreprises et les pouvoirs publics : le Facilitateur Mobility & Fleet, qui accompagne entreprises et administrations dans la gestion de leur mobilité et de leur flotte de véhicules, le Bike Project, le Green Deal Logistique urbaine
- Pour les entreprises et le citoyen : le Facilitateur infrastructures de recharge, le Car Cost Calculator
L’impact de la LEZ : quelques résultats
- Mi-2023, le parc de voitures était composé de : 63% d’essences, 35% de diesel, 2% d’électriques
- -62% des émissions de black carbon depuis 2018 grâce à la modification du parc en circulation en Région bruxelloise
- Jusqu’à -30% des concentrations de NO2 (dioxyde d’azote) aux abords des grands axes les plus fréquentés par le trafic
- Mi-2023, 99,2% des véhicules étaient conformes aux critères d’accès de la LEZ
- 2.311 points de recharges pour véhicules électriques accessibles au public (2022)