
Le quotidien d’un refuge pour chats à Bruxelles
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Soins, nourriture, nettoyage, attention, stérilisations… La vie au refuge Le Fanal des chats est rythmée par la prise en charge de près de 130 animaux. Reportage et rencontre avec Murielle Dekinder, responsable de cette asbl schaerbeekoise dédiée au bien-être animal.
6h30
Trois nettoyeurs arrivent au refuge. Leur première tâche est de donner à manger aux chats. Ensuite, ils s’attaquent au nettoyage de l’endroit. « Tous les deux jours, la totalité de l’espace est lavée avec un produit fongicide (substance qui détruit les champignons parasites). Sinon, cela se fait au désinfectant. Dans les parties de soins et de quarantaine, tout est fait avec des produits fongicides pour éviter toute propagation des microbes, puces et autres contaminations », explique Murielle Dekinder. Dans la même optique, les coussins des chats sont recouverts d’une alèse en plastique (un tissu de protection) puis d’un tissu. Tous les jours, ces couvertures passent en machine. « L’hygiène est essentielle. Dans les pièces à contagion, seuls la vétérinaire et un nettoyeur attitré peuvent entrer en mettant des vêtements et des chaussures dédiés », ajoute la responsable. En tout, quatre nettoyeurs temps plein se partagent l’horaire de la semaine et du week-end.
10h30
La vétérinaire agréée arrive. « Nous sommes l’un des seuls refuges bruxellois à avoir notre propre vétérinaire engagée à temps plein mais aussi une salle d’opération sur place », précise la responsable. à son arrivée, la vétérinaire fait le tour des animaux présents à l’infirmerie. « Nous avons à peu près 10% de notre population qui est en mauvaise santé. Nous avons décidé de ne pas euthanasier les chats tant qu’ils ne souffrent pas. Certains ont donc le sida, d’autres des cancers », ajoute Murielle Dekinder. Certaines maladies peuvent par contre être contagieuses comme la teigne, la calamité des refuges. « Ce n’est pas grave mais cela se propage très vite. Les animaux infectés sont isolés et l’endroit nettoyé régulièrement pour éviter la diffusion de ce champignon », ajoute-t-elle.
11h30
Après sa visite aux animaux malades, la vétérinaire passe aux stérilisations, aux vaccins, aux détartrages et aux identifications à l’aide de puces. La plus grosse période de stérilisation ? Elle se situe en novembre-décembre, soit environ 6 mois après le pic des naissances printanières. Au Fanal des chats, pas un seul animal ne sort sans être en ordre de vaccination et d’identification. « Le gros problème actuel, ce sont les groupes Facebook qui proposent de donner des chatons… Il s’agit d’animaux qui ne sont souvent ni vaccinés, ni stérilisés, ni identifiés (à l’aide d’une puce). Beaucoup de propriétaires abandonnent leur chat car la stérilisation a un certain coût », prévient Murielle Dekinder.
13h00
Le refuge ouvre ses portes au public. « Il faut prendre rendez-vous pour une visite. C’est plus pratique à gérer pour tout le monde et cela stresse moins les chats car cela évite d’avoir trop de monde en même temps. Aujourd’hui, nous sommes complets pour les 3 semaines à venir », explique Murielle Dekinder. Au Fanal des chats, un membre du personnel est responsable des adoptions. Son job ? Connaître le caractère de chaque animal pour s'assurer que chacun trouve le ou la propriétaire qui lui convienne parfaitement. « C’est étrange mais nous continuons à avoir des difficultés à faire adopter des chats noirs. Les stéréotypes ont la vie dure », ajoute la responsable.
En tout, le refuge fait adopter plus de 200 félins par an. « Pour un chat adopté, nous recevons 4 demandes de rentrée », précise-t-elle. Des chats retrouvés dans la rue ou abandonnés suite à un décès, un déménagement, un mariage ou aussi par manque de moyens. Au Fanal des chats, les animaux sont accueillis par ordre de priorité. « Certaines personnes ont des prétextes pour ne plus vouloir de leur chat (un nouveau partenaire qui n’aime pas les animaux par exemple). Nous avons une liste d’attente et nous acceptons avant tout les chats de la rue et ceux laissés seuls après le décès de leur propriétaire », explique Murielle Dekinder.
13h30
Les bénévoles arrivent au refuge. En tout, entre 40 et 50 volontaires sont actifs. Leurs rôles ? Câliner les chats, les socialiser, jouer avec eux, continuer le nettoyage du refuge. Certaines personnes ont aussi une fonction particulière. « Personnellement, je suis aussi bénévole. Je m’occupe de la gestion, de l’administratif, de la comptabilité. Nous avons aussi plusieurs volontaires responsables des soins. Elles sont chargées de donner les médicaments prescrits par la vétérinaire, notamment grâce à de la nourriture plus chère pour que les chats acceptent. Pour gérer notre revue, deux personnes sont attitrées. L’une pour rédiger les articles, l’autre pour assurer le graphisme et la mise en page. Et enfin, nous avons une bénévole responsable de l’ensemble des volontaires et des stagiaires », énumère Murielle Dekinder.
Au Fanal des chats, on vit grâce aux dons des membres uniquement. « Avoir un refuge coûte très cher : entre 15.000 et 20.000 euros par mois pour un établissement de notre taille. Il faut comptabiliser le personnel engagé, les frais médicaux, l’alimentation, les graviers pour les bacs, l’entretien des infrastructures », explique-t-elle. Heureusement pour ce refuge situé à Schaerbeek, pas de location. « La fondatrice a légué sa maison aux chats à son décès », explique la responsable.
17h00
Depuis 30 minutes, les visites ont pris fin. Il reste encore à donner à manger à tous ces compagnons à quatre pattes. Mais aussi à changer les quelques 60 litières.
La stérilisation des chats - 3 questions à Karen Ponceau, vétérinaire inspectrice de Bruxelles Environnement
Combien de chats sont stérilisés en moyenne par an à Bruxelles ?
En 2020, nous avons comptabilisé 6.815 animaux stérilisés.
Quel est le problème posé par les chats non stérilisés ?
C’est la reproduction incontrôlée. Des quartiers peuvent être surpeuplés par ces chats non stérilisés, domestiques ou errants. Généralement, il s’agit aussi d’animaux non vaccinés et sans protection antiparasitaire. Le terrain est alors disputé par trop de chats, ce qui engendre des bagarres et une transmission de maladies plus importante. Les chatons qui naissent peuvent être faibles, atteints de maladies graves, ou même mourir. Le typhus ou encore le sida du chat apportent un grand nombre de décès. Et puis, il y a aussi le problème des puces et autres parasites internes ou externes. Lors des bagarres, certaines blessures peuvent également gravement s’infecter.
Les refuges sont-ils suffisants pour accueillir ces chats errants ?
Malheureusement, non. Il arrive qu’un refuge récupère parfois 50 chats provenant d’une seule et même personne, souvent dépassée par la reproduction de ses propres chats. La situation sanitaire est alors catastrophique. À cause de certaines maladies incurables ou contagieuses, on n’a pas d’autres choix que d’euthanasier une partie des animaux. La stérilisation, l’identification et la vaccination des chats est essentielle. Beaucoup de chats domestiques ne respectent pas encore ces conditions malgré les aides mises en place dans certaines communes et les nombreuses campagnes de sensibilisation.
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