
L'eau pour votre potager : une ressource à préserver
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Cette page appartient à un guide complet visant à guider les citoyens pour gérer un potager. Cet ensemble fournit de nombreuses informations et conseils :
Préambule : de l’eau à l’infini ?
Chacun sait que les plantes, les organismes vivants du sol et le sol ont besoin d'eau. Sans eau, ils meurent. Mais comment devez-vous les arroser ? Et si oui, à quel moment et en quelle quantité ? Nous essayons ici d'apporter une réponse à ces questions et à d'autres questions basiques de ce type. Chaque jardin et chaque plante sont bien évidemment différents. Expérimentez et découvrez ce qui convient le mieux à votre jardin, tout en gardant nos conseils à l'esprit !
Le chapitre qui suit a pour but d’aider à définir les besoins en eau de vos cultures. Avant d’aller plus en détail dans ce sujet, il est important de toujours garder en tête que l’eau est une ressource précieuse qui n’est pas inépuisable. Seuls 2 à 3% seulement de l'eau potable consommée à Bruxelles provient des ressources en eaux souterraines bruxelloises, le reste étant importé de Région wallonne.
Il faut donc constamment garder en mémoire de d’abord limiter les pertes en réfléchissant sur les pratiques d’arrosage (ex : ne pas arroser aux heures chaudes), le choix des variétés à cultiver (ex. les variétés anciennes et locales souvent moins gourmandes en eau), sur la couverture (ex : mulching La technique du paillageLa technique du paillage, qui consiste à déposer les déchets organiques non décomposés comme les tontes de gazon, les feuilles mortes ou les branchages broyés sur un sol nu, empêche le développement des mauvaises herbes, préserve l'humidité de la terre et protège les plantes des trop grands écarts de température. (mulching), ou les couverts vivants,...) et le mode de travail (ex : le binage) du sol pour conserver l’humidité et limiter les besoins en eaux ultérieurs.
De plus, quand il devient nécessaire d’arroser, il faut dans la même logique toujours si possible privilégier l’eau de pluie (.pdf) à l’eau de distribution.
Enfin, dans le cadre d’une utilisation rationnelle et réfléchie de l’eau, nous vous conseillons également de suivre les consommations en eaux de vos cultures, cela vous permettra notamment d’adapter au fil des années les capacités de récupération (ex : citerne en plus si le besoin augmente).
Pour plus de conseils sur ces aspects vous pouvez également consulter l’info fiche « Guide pour économiser l’eau dans les projets d’agriculture urbaine » (.pdf) sur le sujet.
Pourquoi arroser ?
L'eau est essentielle. Les êtres vivants, y compris les plantes et les organismes du sol, sont en majeure partie constitués d'eau et doivent toujours en disposer en quantité suffisante.
L'eau est impliquée dans presque tous les mécanismes d'une plante (photosynthèse, transport des nutriments dans la plante, régulation de la température, etc.). Elle fait également office de moyen de transport des minéraux à travers le sol et a une fonction de purification.
Pendant une grande partie de l'année, le sol de nos régions disposera d'une quantité d'eau suffisante pour répondre aux besoins des plantes. Mais pendant certaines périodes (sèches), il peut tout de même arriver que l'eau vienne à manquer. Ce sera donc à vous de jouer et d’arroser vos plantes, mais toujours en respectant une utilisation rationnelle, telle que décrite au point 1.

C’est surtout en été, lorsqu’il fait chaud, que jusqu'à plusieurs litres d'eau par mètre carré et par jour peuvent s'évaporer du sol, créant ainsi un risque d’assèchement. Dans un sol asséché, la plupart des plantes et les organismes vivants du sol meurent. Le sol perd en outre sa structure, sa matière organique, etc.
La rapidité avec laquelle un sol s'assèche dépend non seulement de la température extérieure, mais aussi de sa capacité à emmagasiner l'eau. Une bonne gestion de l'eau commence toujours par une bonne gestion du sol. Dans un sol sain :
- l'eau et les nutriments sont stockés et libérés à disposition des racines et de l'ensemble des organismes vivants du sol via le complexe argilo-humiqueAussi appelé complexe absorbant, correspond au mélange de minéraux argileux et d’humus et possède la capacité de retenir l’eau et différents nutriments dans le sol..
- il existe de petites ouvertures (pores) entre les particules du sol qui renferment de l’air. Lorsqu'il pleut, ces pores se remplissent. L'eau s'infiltre ensuite lentement dans les couches inférieures. Moins le sol est piétiné, plus il contient d'air et plus l'oxygène, l'eau et les nutriments peuvent pénétrer jusqu'aux racines des plantes.
- divers canaux créés par les racines et les organismes vivants du sol assurent une meilleure infiltration de l'eau.

Particulièrement lors des jours chauds, votre sol s'assèche et manque d'eau, entraînant la mort de la plupart des plantes et des organismes du sol. Vous devrez alors parfois aider votre sol en l'arrosant.
Astuce
D'ailleurs, saviez-vous que les sols non couverts s'assèchent plus rapidement ? Été comme hiver, il est donc conseillé de protéger votre sol avec un couvert végétal, comme un paillageLa technique du paillage, qui consiste à déposer les déchets organiques non décomposés comme les tontes de gazon, les feuilles mortes ou les branchages broyés sur un sol nu, empêche le développement des mauvaises herbes, préserve l'humidité de la terre et protège les plantes des trop grands écarts de température. ou une plantation dense (engrais vert,…). Appliquer une couverture de sol, constituée de résidus de tonte, de déchets verts, de lin, de chanvre ou de paille issue des cultures céréalières aide le sol à mieux retenir l'eau et réduit l’écoulement en cas de fortes pluies ou d'arrosage trop vif. Il est également possible de cultiver parmi des couverts végétaux vivants avec des espèces adaptées comme les trèfles, le sol garde alors plus d’eau et celle-ci pénètrent plus profondément.
Quand dois-je arroser ?

Quand il pleut suffisamment, vous n'avez évidemment pas besoin d'arroser. En hiver, un arrosage supplémentaire est inutile, puisque cette saison est plus humide que l'été et l'évaporation est moins importante en raison des températures plus basses. Les plantes sont donc au repos.
De manière générale, il est préférable d'arroser le matin, avant le lever du soleil. En été, vous pouvez (aussi) arroser le soir une fois que le soleil ne brille plus directement sur les plantes, au risque de voir l'eau s'évaporer trop rapidement.
La chaleur du soleil se fait particulièrement ressentir en été, il est dès lors inutile d’arroser le sol en journée et en plein soleil. L'eau s'évaporera plus vite qu'elle ne pénètrera dans le sol. L'arrosage en plein soleil augmente également le risque de brûlure de vos plantes, vu que les gouttelettes d'eau agissent comme des loupes.
Astuces
- Si vous êtes infesté d'escargots, il vaut mieux arroser vos plantes le matin. En effet, les escargots sortent principalement la nuit et sont friands des endroits humides.
- Vous disposez d'un système d'arrosage automatique avec minuteur ? Il peut alors dans certains cas être préférable d'activer le système la nuit, lorsqu'il fait frais et que l'évaporation est la plus faible
- Reportez vos semis et plantations les jours de grande chaleur. Et faites particulièrement attention au sarclage lors des périodes de sécheresse. En arrachant les mauvaises herbes ou en bêchant, vous pourriez facilement endommager d'autres plantes.
À quelle fréquence dois-je arroser ?
Les potagers en pleine terre sont moins susceptibles de s'assécher que ceux en bacs, en pots ou sur les toits.

Pour les potagers en pleine terre, arroser en grande quantité une ou deux fois par semaine suffit (lorsque les périodes sèches le nécessitent).
Une plante arrosée quotidiennement devient dépendante de votre arrosage. L'eau n'atteindra alors jamais toutes les racines et c'est le développement des racines superficielles qui sera favorisé. La plante sera alors encore plus fragile en période de sécheresse.
Les plantes arrosées de façon hebdomadaire enfoncent leurs racines plus profondément et cherchent plus activement de l'eau. Il est donc préférable d'arroser abondamment une ou deux fois par semaine.
En arrosant moins souvent, vous évitez aussi que les plantes restent longtemps humides. Un environnement humide peut favoriser la formation d'infections fongiques.
Pour les jardins potagers en bacs ou en pots, les choses sont moins évidentes.
La fréquence d'arrosage dépend en effet de la taille du pot, de l'emplacement, de la météo, du type de culture (concombres ou salades plus gourmands en eau contrairement aux fèves et oignons par exemple) et de la saison :
- La taille du pot détermine la capacité tampon du sol. Plus le pot est grand, plus la capacité tampon est grande et moins il faut arroser avant que la terre ne s'assèche.
- Les plantes en pot situées au soleil ou sur un balcon exposé au vent ont besoin de plus d'eau que les plantes situées à l'ombre et dans un endroit abrité. En cas d'exposition au soleil ou au vent, l'humidité du sol s'évapore plus rapidement.
Pendant les périodes sèches, il est conseillé de vérifier les potagers qui ne sont pas en pleine terre une à deux fois par jour pour voir s'ils ont besoin d'être arrosés.
Pour vérifier l'humidité de votre sol, enfoncez votre doigt dans la terre. Si elle semble humide, il est inutile d'arroser.


Il faut donc en premier lieu toujours vérifier l'humidité du sol pour voir s'il a besoin d'eau. En règle générale, on peut dire que les potagers en pots, après vérification, ont besoin d'être arrosés pratiquement tous les jours. Pour les potagers en pleine terre, un arrosage une ou deux fois par semaine lorsque c’est nécessaire (absence de pluie) suffit généralement.
Astuce
- Si vous rempotez ou replantez une plante, il est également utile de lui donner immédiatement beaucoup d'eau afin que les particules du sol puissent bien se déposer autour des racines.
- Arrosez les nouvelles plantations en pleine terre tous les soirs pendant les jours d'été chauds et secs. Les jours d'été plus frais ou au printemps, faites-le tous les deux à quatre jours.
Quelle quantité d'eau puis-je donner ?
La quantité d'eau que vous devez donner dépend de plusieurs facteurs (pour aller plus loin dans les bonnes pratiques pour économiser l’eau en agriculture urbaine) :
- Les conditions météorologiques telles que la sécheresse et la pluie
- La méthode de culture (en pleine terre ou non)
- La structure du sol (compacité, rétention d’eau, type de sol, etc.)
- Profondeur des eaux souterraines (pour un potager en pleine terre)
- L'espèce végétale, l'état de la plante et le stade de croissance dans lequel elle se trouve
- La présence d'un couvert végétal ou d'un paillageLa technique du paillage, qui consiste à déposer les déchets organiques non décomposés comme les tontes de gazon, les feuilles mortes ou les branchages broyés sur un sol nu, empêche le développement des mauvaises herbes, préserve l'humidité de la terre et protège les plantes des trop grands écarts de température.
- L'emplacement (plein soleil/semi-ombragé/ombragé/au pied d'un mur)
- …
Lorsqu’il fait sec, n'ayez pas peur de trop arroser. Dans un sol de bonne qualité, l'eau pénètre suffisamment vite en profondeur. Même dans les bacs équipés d’un drainage adéquat, l'excédent d'eau s'infiltrera rapidement. Vous pouvez donc arroser jusqu'à ce que la terre soit bien humidifiée. Il est crucial que la quantité d'eau donnée soit suffisamment importante pour atteindre les racines et ne fasse pas que mouiller la terre en surface.
Toutes les plantes n'ont pas besoin de la même quantité d'eau. Il est parfois difficile de connaître les besoins en eau de chaque plante d'extérieur. Dans la plupart des cas, ce n'est pas non plus nécessaire. L'apparence de la plante et son habitat naturel en disent long sur ses besoins en eau :

- les plantes à feuilles fines et larges ont besoin de plus d'eau car l'évaporation est beaucoup plus importante ;
- les plantes à feuilles velues et les plantes grasses ont besoin de peu d'eau car l'évaporation est faible ;
- en raison du développement et de la reproduction des fleurs, les plantes en fleurs ont besoin de plus d'eau que les mêmes plantes qui ne sont pas en fleurs ;
- les plantes en pleine croissance ont besoin de plus d'eau que celles qui sont au repos.
Une chose est donc certaine : la quantité d'eau à donner dépend de tant de facteurs différents qu'il ne peut exister de règle unique en la matière. On dit souvent que cette quantité d'eau est comprise entre 1 et 5 litres, mais rappelons que tout dépend du type de plante, mais aussi de son emplacement. Faites donc vos propres expériences et découvrez ce qui est idéal pour votre jardin et vos plantes. Vous pouvez par exemple tâter la terre avec vos doigts ou y enfoncer un bâtonnet. Si la terre y colle, cela veut dire que le sol est encore humide et qu'il n'est probablement pas encore nécessaire d'arroser. Attention, la couche supérieure du sol est celle qui s'assèche le plus rapidement au contact de l'air. En vérifiant quelques centimètres sous la surface, vous aurez une meilleure indication de l'équilibre hydrique du sol. Si vous avez l'impression que la terre est sèche à cet endroit, c'est le moment d'arroser vos plantes.
Astuces
- Les eaux uséesEaux qui ont été affectées à un usage domestique ou industriel et qui sont généralement chargées de différentes substances. domestiques, telles que l'eau de cuisson refroidie, peuvent être utilisées pour arroser les plantes. Vous pouvez également récupérer et utiliser l'eau de rinçage (utilisée pour laver les légumes et les fruits).
- Dans la mesure du possible, arrosez vos plantes à l'eau de pluie plutôt qu'à l'eau du robinet. L'eau du robinet contient toutes sortes de minéraux supplémentaires (comme le calcium) qui ne se trouvent pas dans l'eau de pluie et dont les plantes n'ont pas besoin. Par ailleurs, l'eau de pluie est gratuite.
- Veillez à ce que l'excédent d'eau dispose d'un point de sortie et placez des hydro-granulés ou des morceaux de pots cassés au fond du pot pour assurer un bon drainage.
- L'eau issue de l'évaporation ou de la rosée peut être récupérée grâce à des bâches en plastique.
Comment arroser ?
La manière dont vous allez arroser dépend du stade de croissance de votre plante.

Au tout début, lorsqu'il s'agit encore d'une graine, vous pouvez arroser directement là où se trouve la graine. Au fur et à mesure de la croissance de la plante, arrosez plutôt la base et tout autour de la plante plutôt que les feuilles. Les racines de la plante vont parfois plus loin qu'on ne le pense et ce sont justement ces racines qui absorbent l'eau. Vous pouvez même partir du principe que le système racinaire souterrain d'une plante est à peu près de la même taille que la plante qui sort du sol. La zone que vous arrosez doit donc être au moins aussi grande que le diamètre de votre plante.
Il est préférable de ne pas arroser trop brutalement. Idéalement, utilisez une sorte de système de goutte à goutte ou un système d'arrosage. Il permet d'éviter qu'un sol dont les pores sont trop petits ne s'agglutine, pouvant même provoquer l’écoulement des nutriments superficiels voire du sol. Un arrosage trop brutal pourrait également endommager la jeune plante, ce qui n'est bien sûr pas l'objectif.
Sachez également qu'un sol sec absorbe très difficilement l'eau, alors qu'un sol humide l'absorbe immédiatement. Vous devrez arroser un sol très sec plus longtemps, éventuellement par intervalles, afin que le sol ait le temps d'absorber l'eau. Dans ce type de situation, il est judicieux de vérifier le sol après l'arrosage.

Vous serez peut-être (désagréablement) surpris de constater que le sol n'est devenu humide qu'en surface et que l'eau n'a donc pas pénétré plus profondément sous terre. Si le sol autour des racines est encore sec, il est préférable d'arroser encore quelques fois à intervalles réguliers. Cela permet au sol d'absorber lentement l'eau entre chaque arrosage.
En arrosant davantage à chaque fois, cette eau pourra alors pénétrer plus en profondeur. La rétention de l’eau s’en trouvera améliorée, et les racines se développeront plus largement et plus profondément dans le sol.
Il est donc important de bien regarder la taille de votre plante pour déterminer où l'arroser. Pour atteindre toutes les racines, cette zone doit être au moins aussi grande que le diamètre de votre plante. En outre, il vaut mieux arroser de manière douce et lente pour que le sol ait le temps d'absorber correctement l'eau.
Quels systèmes d'irrigation puis-je utiliser ?
Vous n'avez pas le temps d'arroser vos plantes régulièrement, ou vous oubliez systématiquement de le faire ? Vous souhaitez entreprendre une meilleure gestion de l’eau dans votre potager ? Vous pouvez vous aider de différentes techniques ou systèmes. Un système d'irrigation, également appelé système d'arrosage, permet à vos plantes d’être automatiquement et constamment arrosées lorsque cela est nécessaire.
Avant la mise en place d’un système d’irrigation adapté à vos besoins, évaluez d’abord si la mise en place d’un système de récupération d’eau de pluie est possible (pour plus de détails sur la récupération d’eau de pluie). Un système de ce type vous donnera accès à une source d’eau renouvelable potentiellement non négligeable pour alimenter le système d’irrigation que vous installerez.


Le tableau ci-dessous est un résumé des différents systèmes utilisables pour des potagers en bac ou en pleine terre.
Rayon d’action | Coût | Complexité d’installation | Entretien | |
---|---|---|---|---|
|
Ponctuel | € | + | Simple |
Ponctuel | € | ++ | Régulier | |
Limité | €€ | + | Simple | |
Grande surface | €€€ | +++ | Complexe |
Le tableau ci-dessous est un résumé des différents systèmes utilisables principalement avec des potagers en bacs ou jardinière.
Rayon d’action | Coût | Complexité d’installation | Entretien | |
---|---|---|---|---|
Limité (surface du pot) | € | ++ | Simple | |
Moyenne surface (surface de la jardinière) | €€ | +++ | Simple | |
Ponctuel | €€ | +++ | Complexe |