
La location ou le prêt : consommer sans gaspiller
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Petit à petit, des outilthèques, objetothèques, prêteries et autres ressourceries voient le jour en Région bruxelloise. Ces espaces qui mettent des équipements, ustensiles et matériels variés en location ou en prêt ont le vent en poupe. Rencontre avec 3 utilisateurs et utilisatrices de ces services, qui ont adopté une vie plus durable.
Les principes de l’économie circulaireL'économie circulaire est un modèle de production et de consommation qui consiste à partager, réutiliser, réparer, rénover et recycler les produits et les matériaux existants le plus longtemps possible afin qu'ils conservent leur valeur. nous invitent à revoir notre conception de la propriété. Au lieu d’acheter des biens, nous pouvons les louer ou les emprunter. C’est ce que l’on appelle l’économie de l’usage : il est en effet plus important de pouvoir utiliser un produit plutôt que de le posséder. Découvrez comment Roxanne a rénové son logement à un coût accessible, en louant ses outils auprès de l’outilthèque de Fabrik, une association de quartier à Saint-Josse. Dali, quant à lui, a changé son regard sur la mobilité en utilisant les remorques à vélo de Remorquable. Enfin, pour l’organisation de ses événements de quartier, Jil emprunte le matériel de Solidair’prêt, la prêterie du CPAS de Berchem-Sainte-Agathe. 3 parcours de Bruxellois et Bruxelloises qui ont décidé d’adopter de nouveaux comportements, pour réduire les déchets engendrés par la surproduction.
Fabrik, une outilthèque pour améliorer son cadre de vie
Créée en 2019, l’outilthèque de quartier Fabrik, à Saint-Josse, propose aux habitants et habitantes d’emprunter des outils de qualité à coût réduit, pour leurs rénovations. « J’ai pu rénover tout mon appartement de fond en comble grâce à Fabrik », explique Roxanne. « L’outilthèque se trouve au coin de ma rue. La proximité est un critère très important pour ce type de service, parce qu’on va constamment y chercher ce dont on a besoin. Un jour c’est une escabelle, un autre, un aspirateur eau et poussière ou du matériel plus lourd ».
Le système fonctionne par abonnement annuel dont le prix varie selon les revenus, allant de 20 € à 60 €. On peut prendre autant d’outils que l’on veut par heure, par semaine ou plus, avec un choix très important, sans devoir s’encombrer de la charge de devoir gérer et préserver son propre matériel. « Je suis dans un appartement typiquement bruxellois très haut de plafond, j’ai pu facilement avoir accès à un échafaudage pour un prix modique ». L’aspect économique joue bien évidemment, surtout lorsque l’on utilise beaucoup d’outils spécifiques. « En plus, il n’y a pas de caution », poursuit Roxanne, « qui peut être très élevée dans certains commerces de location traditionnels, et exclut donc énormément de gens qui ne peuvent pas se permettre de bloquer ces frais ».
Des dynamiques participatives et environnementales
Fabrik propose aussi un accompagnement pour l’utilisation du matériel, des conseils en rénovation ainsi que des partages d’expérience, notamment sous forme de « cafés papotes », de chantiers collectifs, etc. L’asbl fait partie du Réseau Habitat, et à ce titre, elle s’occupe également de demandes de subventions pour les travaux de rénovation. « Cela reste une association locale, conviviale, avec un côté social qui est essentiel ».
D’un point de vue écologique, l’outilthèque permet clairement d’éviter l’achat non nécessaire d’outillages qui s’avèrent polluants, notamment dans le cas des équipements électriques et électroniques dont les batteries doivent être recyclées en fin de vie. Globalement, ce type de projet s’inscrit dans un écosystèmeC'est l'ensemble des êtres vivants (faune et flore) et des éléments non vivants (eau, air, matières solides), aux nombreuses interactions, d'un milieu naturel (forêt, champ, etc.). L'écosystème se caractérise essentiellement par des relations d'ordre bio-physico-chimique. durable à l’échelle du quartier, que viennent compléter d’autres initiatives comme les « donneries », un service qui selon Roxanne gagnerait à être encore plus institutionnalisé. « Tous ces dons permettent de faire des économies d’énergie et réduisent l’empreinte carbone des villes. On pourrait imaginer que s’installe une donnerie à côté de la déchetterieEspace aménagé, gardienné, clôturé, où le particulier et/ou les entreprises peuvent apporter leurs déchets encombrants et d'autres déchets triés en les répartissant dans des conteneurs distincts en vue de valoriser, traiter ou stocker au mieux les matériaux qui les constituent. A Bruxelles, la déchetterie est régionale, alors que les parcs à conteneurs sont communaux. communale, pour récupérer tout matériel en bon état et susceptible d’être réutiliséLa réutilisation consiste à garder un objet pour le réutiliser tel quel, éventuellement après avoir subi une préparation au réemploi. Par exemple : des briques sont récupérées et réutilisées pour un nouveau mur après avoir été nettoyées et contrôlées. ».
Remorquable, une remorquothèque pour tout transporter à vélo

Comment se déplacer autrement à Bruxelles, et plus particulièrement lorsqu’on doit transporter des objets encombrants et des achats plus volumineux ? Depuis 2018, l’asbl Remorquable offre une alternative à l’utilisation de la voiture pour le transport de chargements, avec des remorques qui s’attachent à tous les types de vélos. « Je suis un utilisateur de Remorquable depuis quelques années », explique Dali. « Je vis à Ixelles et je me déplace tout le temps à vélo, donc dès que je dois transporter quelque chose de lourd, je fais appel à cette remorquothèque (bibliothèque de remorques). Même lors de mon déménagement, j’ai opté pour le vélo-cargo plutôt que pour une voiture ou une camionnette. Je n’avais pas beaucoup d’affaires, mais quand même ! Après une recherche sur internet, je n’ai trouvé personne qui avait déjà fait ce genre de chose… ».
Par la suite, Dali a continué à transporter d’autres meubles via ce système – un canapé double et un lit aussi. « C’est parfois un peu dur avec des choses très lourdes, mais je connais bien la topographie bruxelloise. Il m’est quand même arrivé de devoir pousser mon vélo à la main », précise-t-il.
Un challenge à partager
Pour Dali, ce déménagement était un peu comme un challenge, qu’il a voulu partager autour de lui. « J’ai commencé à partager cette expérience auprès d’autres utilisateurs, en leur donnant des conseils. Par exemple, comment aller chez Ikéa et transporter ses meubles sans voiture ? Une remorque à vélo suffit. Je voulais sensibiliser les gens. Je participe aussi à un compostProcessus naturel de transformation de la matière organique sous l’action d’organismes vivants, dans des conditions contrôlées, en humus et nutriments pour le sol et ses habitants. dans mon quartier et on transporte tout le matériel de cette façon. ».
Un service ouvert et accessible
Remorquable est un système d’autant plus accessible qu’il fonctionne sur abonnement à un coût accessible. Ce service de prêt, à la différence de la location où l’on paie à chaque utilisation, permet d’emprunter des remorques via une quinzaine d’antennes réparties sur le territoire bruxellois. « Des stations de stockage sont disponibles dans certains centres culturels, des CPAS, etc. ».
En tant que jeune entreprise en évolution, Remorquable compte beaucoup sur les interactions avec ses utilisateurs et utilisatrices. Les responsables sont très ouverts aux retours de terrain pour améliorer le service, « en proposant aussi de participer aux assemblées générales de l’asbl, par exemple ».
Solidair’prêt : la prêterie du CPAS de Berchem-Sainte-Agathe
Un appareil à raclette, une machine à coudre, une visseuse, un robot de cuisine ou une tente de camping… ce sont autant d'objets auxquels tous les habitants et habitantes de Berchem-Saint-Agathe peuvent avoir accès à un prix réduit.
Au sein du CPAS de la commune, un comité citoyen d’usagers a mis en place, en 2019, un service de prêt de matériel solidaire baptisé « Solidair’prêt ». Ici, l'objectif est aussi d'éviter de devoir acheter du matériel que l’on n’utilise que quelques fois par an pour diminuer le gaspillage et la surconsommation. Pour une cotisation de 10 euros par famille et par an, les personnes qui le souhaitent peuvent y emprunter tous les ustensiles nécessaires pour jardiner, effectuer des travaux ou organiser une fête. Les personnes vivant sous le seuil de pauvreté bénéficient de la gratuité.
Jil est une utilisatrice de la prêterie. « Nous travaillons dans le cadre des contrats de Quartiers Durables en Région bruxelloise et nous menons des actions pour renforcer la cohésion sociale au sein des quartiers. Lorsque nous organisons des fêtes, à raison de 2 ou 3 fois par an, nous utilisons principalement du matériel de Solidair’prêt, comme des tables, bancs, tonnelles et jeux pour enfants – et c’est toujours en très bon état. Ce service très accessible nous permet vraiment de concrétiser nos actions pour un coût abordable ».
Pour davantage de prêteries au niveau communal
Le service de prêterie n’est toutefois pas fort développé dans d’autres communes bruxelloises. « Je trouve cela dommage, car c’est vraiment utile et cela devrait s’implanter partout. Si j’avais cela près de chez moi, je l’utiliserais beaucoup, notamment pour des outils ou du matériel coûteux comme des projecteurs que l’on n’utilise qu’à certaines occasions », souligne Jil.
Vous voulez lancer une objetothèque dans votre quartier ?
Vous voulez lancer une activité de location ou d’emprunt de matériel pour le jardinage, la couture, la puériculture ou tout autre type d’équipement ? Dans le cadre de l’appel à projets ‘Inspirons le quartier’, Bruxelles Environnement fournit un accompagnement et une aide aux initiatives citoyennes et collectives. Les objetothèques, destinées à l’emprunt de matériel plus généraliste ou les outilthèques, gérées par les habitants et habitantes du quartier, font partie des projets subventionnables.
Ces services démocratiques peuvent être installées dans de nombreux endroits, comme par exemple, dans des immeubles à appartements. Ou encore dans des ensembles de logements sociaux, où les gens disposent souvent de moins de moyens et de place.
Vous voulez rentrer un projet d’outilthèque ou vous avez une question sur l’appel à projets Inspirons le Quartier ? Envoyez un e-mail à citizensprojects@inspironslequartier.brussels ou téléphonez au 0800 85 775.