Les pompes à chaleur, économiques et écologiques
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Aujourd’hui à Bruxelles, la majorité des bâtiments (environ 79%) sont chauffés au moyen d’une chaudière au gaz. Près de la moitié de celles-ci ne sont pas à condensation et n’offrent pas de bons rendements. Progressivement, le parc de chaudières existant va arriver en fin de vie en Région bruxelloise. À l’heure où les prix de l’énergie flambent et où sortir des énergies fossiles devient la priorité, c’est le moment de revoir son installation. Pourquoi pas penser à une solution bas carbone, comme la pompe à chaleur (PAC) ?
Dans ce nouveau podcast, Nicolas, notre collègue du département Installations techniques PEB de Bruxelles Environnement nous guide à travers les différentes technologies ou solutions de production de chaleur bas carbone. De la géothermie, qui utilise la chaleur contenue dans les sols à l’aérothermie, qui utilise la chaleur de l’air, il existe aussi d’autres sources d’énergie renouvelableL’énergie renouvelable est une énergie produite à partir de sources non fossiles renouvelables, à savoir : énergie éolienne, solaire, aérothermique, géothermique, hydrothermique, marine et hydroélectrique, biomasse, gaz de décharge, gaz des stations d’épuration d’eaux usées et biogaz. (DIRECTIVE 2009/28/CE), comme le boiler thermodynamique, les réseaux de chaleur perdue, le solaire thermique ou encore, le photovoltaïque.
Pompes à chaleur, par le sol ou par l’air ?
À Bruxelles, la géothermie et l’aérothermie offrent les meilleurs potentiels. Vous êtes une entreprise ou propriétaire d’un bâtiment et souhaitez rénover avec une énergie plus verte ? Nicolas conseille de vous adresser à des chauffagistes qualifiés ou installateurs certifiés (disposant des agréments RESCert, frigoriste et Cerga). Ils vous aideront à identifier quelques éléments essentiels avant la mise en place d’une PAC, comme l’isolation et la dimension du bâtiment, les émetteurs existants, la meilleure source de chaleur à utiliser, la performance, le rendement, etc.
Ceci dit, le budget de remplacement de toute une installation peut être conséquent ! C’est pourquoi la Région a mis en place des primes pour vous aider dans le financement : les primes RENOLUTION. Il existe aussi des solutions de financement comme le crédit ECORENO. Pour les professionnels, Nicolas suggère de vous faire accompagner dans votre projet en contactant le Facilitateur Bâtiment durable. Ce service est entièrement gratuit.
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[Modératrice Judith Verbist, introduction]
« Bonjour. Saviez-vous que le secteur tertiaire produit 22% des émissions de gaz à effet de serre à Bruxelles et que ce secteur doit tendre vers le zéro émission pour 2050 ? Je suis Judith Verbist et bienvenue dans ce nouveau podcast de Bruxelles Environnement. Nous nous entretenons aujourd'hui avec notre collègue Nicolas. Il nous en dira un peu plus sur la technologie des pompes à chaleur. Celle-ci fait partie des solutions de production d'énergie renouvelable disponibles aujourd'hui à Bruxelles. Bonjour Nicolas. Bienvenue dans le studio. Est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots et nous donner des exemples de projets concrets sur lesquels tu travailles à Bruxelles Environnement ? »
[Speaker : Nicolas]
« Cela fait maintenant 4 ans que je travaille à Bruxelles Environnement dans le département Installation technique PEB et Plage en tant que gestionnaire de projets. Au niveau des projets que j'ai réalisé, il y a toute l'évolution de la réglementation Chauffage, Climatisation, PEB qui est à réaliser dans le temps. Nous avons les supports pédagogiques à développer. Le contrôle de la qualité des professionnels. Donc, on va contrôler les professionnels agréés. Et enfin, j'ai réalisé il n'y a pas longtemps une étude sur l'évolution des installations techniques à Bruxelles et c’était notamment sur le sujet des pompes à chaleur. »
[Modératrice]
« Intéressant. J'ai l'impression que tu travailles sur beaucoup de projets différents, si je ne me trompe pas. »
[Nicolas]
« Oui, la réglementation Chauffage, Climatisation, PEB, c'est en fait un sujet assez large et c'est même le département Installations techniques PEB. Donc ça regroupe encore plus que le chauffage et la climatisation, ce sont toutes les techniques du bâtiment. On peut penser à la ventilation, et même à l'éclairage, etc. Donc c'est très large.
[Modératrice]
« Aujourd'hui, nous allons parler de pompes à chaleur. Est-ce que tu pourrais nous faire un bref tableau de la situation actuelle des installations techniques présentes à Bruxelles ? »
[Nicolas]
« Oui, il faut savoir qu'à Bruxelles, en fait, la grande majorité des bâtiments sont chauffés via une chaudière gaz. On considère sur base des statistiques, qu'environ 79% des logements sont chauffés par une chaudière gaz et 13% par une chaudière au mazout. Parmi ces chaudières gaz, c'est important de le dire, presque la moitié ne sont pas à condensation, qui est en fait la technologie de base quand on veut changer une chaudière. Et c'est assez problématique parce que ces chaudières ont des moins bons rendements et elles sont souvent associées à une régulation qui est très mauvaise, avec des tuyaux qui ne sont pas calorifugés, ce qui fait que les rendements chutent encore plus. Au niveau de l'âge moyen de ces chaudières, selon nos statistiques, on est sur un âge de plus de 16 ans. Donc sachant qu'une chaudière tient en moyenne 20 ans - c'est plus ou moins on va dire la durée de vie, c'est ce que les fabricants disent quand ils vous vendent leur chaudière - cela veut dire qu'on arrive à la fin de vie du parc existant et par conséquent, c'est important de penser à remplacer ces installations au fur et à mesure. Pourquoi pas avec une pompe à chaleur ou du moins une chaudière à condensation ? Et en tout cas, ces chaudières qui ne sont pas à condensation, il faudra dans tous les cas les faire évoluer pour atteindre les objectifs climatiques qui sont fixés au niveau européen. »
[Modératrice]
« Très bien, ça me semble bien clair ! Et y a-t-il une raison pour laquelle il faudrait sortir des énergies aux combustibles fossiles. Quels problèmes leur utilisation occasionne-t-elle ? »
[Nicolas]
« En 2023, poser cette question, je trouve cela assez original parce qu’on en parle tous les jours au niveau des médias, au journal télévisé, etc. Donc la cause principale, c'est le réchauffement climatique et répondre du coup à ces enjeux environnementaux qui vont arriver. Il faut savoir que la combustion du gaz naturel et du mazout émet énormément de CO2 qui participe activement à l'effet de serre. Et donc, on a cette hausse des températures globales et particulièrement à Bruxelles, on va être impacté parce que c'est une ville assez dense, on a peu de surface perméable et du coup, cette hausse de température, on va beaucoup plus le ressentir. »
[Modératrice]
« Donc si je comprends bien, quand on est en ville, comparé à la campagne, on va beaucoup plus ressentir cet effet ? »
[Nicolas]
« Oui, tout à fait. Et ce sera encore plus accentué en été parce que dans des villes comme Bruxelles, les gens utilisent beaucoup la climatisation, qui va faire réchauffer les villes et on va avoir cet effet d'îlot de chaleur en supplément de cette hausse de température générale. Du coup, ce sera particulièrement compliqué à Bruxelles. »
[Modératrice]
« J'entends le terme îlot de chaleur. Est-ce que tu pourrais me clarifier ce terme, Nicolas ? »
[Nicolas]
« Oui. Donc, quand on climatise un bureau, un logement, etc. toute la chaleur, quand on vient rafraîchir ces logements, qu'on extrait, on doit l'évacuer et on l'évacue en fait à l'extérieur, dans les rues. Ce qui fait que dans les rues, il fait encore plus chaud. C'est tout simplement ça. C'est cette chaleur qui est évacuée des bâtiments et qui, je vais dire, transpire mais qui s'évacue dans les rues. Et ça fait cet îlot de chaleur. Dans certains quartiers résidentiels ou surtout au niveau des bureaux, on a cette sensation de chaleur supplémentaire. »
[Modératrice]
« Donc, on pourrait impacter positivement la température. Est-ce qu'on pourrait aussi impacter la qualité de l'air en ville, par exemple, en faisant des changements ? »
[Nicolas]
« Oui, donc la combustion du gaz naturel et du mazout, comme je l'ai dit, occasionnent en plus du CO2, des émissions de particules. Et ça, c'est en particulier pour le mazout. Et c'est un réel problème pour la santé des Bruxellois. »
[Modératrice]
« Nicolas, les prix du gaz et du mazout ont augmenté les années passées. Est-ce qu'on pourrait dire quelque chose à ce sujet-là ? »
[Nicolas]
« Oui, quand on parle de sortir des énergies aux combustibles fossiles, donc le gaz et le mazout - c'est plus particulier pour le gaz. C'est en fait réduire notre dépendance à ces combustibles. Ils ne sont pas présents naturellement dans notre pays. On les importe et on a bien vu ces dernières années, avec l'évolution des prix et des problèmes géopolitiques, que les prix ont augmenté énormément. Et donc se passer de ces énergies, c'est aussi éviter des tracas dans l'avenir en cas d'augmentation encore plus importante des prix. »
[Modératrice]
« Clairement, il y a plusieurs raisons pour lesquelles on devrait essayer de sortir des énergies aux combustibles fossiles. Nicolas, vu que la Région doit progressivement sortir des combustibles fossiles, quelles solutions de chauffage renouvelable peuvent être envisagées ?»
[Nicolas]
« Alors, il existe déjà plusieurs solutions de production de chaleur qu'on dit bas carbone, et elles peuvent être utilisées à Bruxelles. Quelques exemples : il y a la pompe à chaleur, ça je pense que tout le monde sait à quoi ça correspond. Mais au niveau des pompes à chaleur, on peut distinguer différentes technologies comme la géothermie qui utilise la chaleur qui est contenue dans les sols, l'aérothermie qui utilise la chaleur qui est contenue dans l'air, ça peut être par exemple, l'air extérieur. On a aussi la riothermie qui utilise la chaleur des eaux usées, donc des égouts et l'aquathermie qui est plus sur les eaux de surface, par exemple, la chaleur qui est contenue dans le canal. Alors en plus de cette technologie des pompes à chaleur, on a le boiler thermodynamique qui peut être vu comme une pompe à chaleur mais qui produit uniquement de l'eau chaude sanitaire. Et au niveau des autres solutions de production, il y a les réseaux de chaleur qui risquent d'évoluer dans l'avenir, notamment via la récupération de chaleur perdue. C'est ce qu'on appelle une chaleur fatale ou chaleur perdue. Par exemple, l'incinérateur est un exemple de chaleur perdue et donc le réseau de chaleur viendrait récupérer et la transmettre par un réseau à différents bâtiments à Bruxelles. On peut parler aussi de tout ce qui est lié au solaire, donc le solaire thermique, le solaire photovoltaïque, qui fonctionnent bien souvent en combinaison avec un système de pompes à chaleur. Il est important aussi de soumettre l'idée du bois qui reste une source d'énergie considérée comme renouvelable. Mais il faut faire très attention à Bruxelles parce qu'il y a des émissions de particules qui sont liées à la combustion du bois. Et comme je l'ai dit avant, la qualité de l'air, c'est assez important à Bruxelles pour la santé. Et donc, si on compte aller vers le bois, il est important d'aller vers des systèmes modernes avec notamment des filtres à particules assez développés. »
[Modératrice]
« Et ce, pour protéger la qualité de l'air et l'impact sur la santé des Bruxellois et des Bruxelloises. »
[Nicolas]
« Et je peux parler aussi peut-être du biogaz, du bio liquide et de l'hydrogène qui ne sont pas exclus comme sources d'énergies renouvelables. Mais leur potentiel, à Bruxelles, est vraiment limité. »
[Modératrice]
« Leur potentiel reste limité. J'entends là peut-être un potentiel sujet pour un futur podcast, Nicolas ? »
[Nicolas]
« Pourquoi pas ? »
[Modératrice]
« Pourquoi pas... Alors, la pompe à chaleur fonctionne en consommant de l'électricité. En quoi est-ce, du coup, une solution de production d'énergie renouvelable ? »
[Nicolas]
« En effet, la pompe à chaleur consomme de l'électricité, mais en fait, cette électricité n'est pas utilisée par la pompe à chaleur pour produire de la chaleur, elle est utilisée pour transférer de la chaleur. Elle transfère de la chaleur d'un milieu à un autre, d'une source froide à une source chaude. Comme source froide, on peut mentionner l'air extérieur ou le sol et comme source chaude, en fait c'est votre logement ou votre bâtiment. Cette chaleur naturelle qui est présente dans le sol et l'air que l’on transfère, elle est dite gratuite, mais ça c'est entre guillemets, parce qu'elle est présente naturellement et elle est considérée du coup comme renouvelable au sens des directives européennes. Le fait que cette pompe à chaleur consomme uniquement de l'électricité, c'est un avantage parce que, à l'inverse du gaz et du mazout, on peut décarboner cette électricité, grâce à plusieurs moyens : l'éolien, le photovoltaïque... Ce qu'on ne peut pas faire avec le gaz et le mazout. On ne sait pas les décarboner. Actuellement, en Belgique, la production d'électricité n'est pas 100% décarbonée. Ça, j'imagine que vous le savez. Et il a été démontré que par kilowattheure de chaleur produite, une pompe à chaleur aérothermique qui est placée dans des bonnes conditions émet au final presque 3 fois moins de CO2 qu'une chaudière au gaz. »
[Modératrice]
« C'est une énorme différence... »
[Nicolas]
« Oui. Alors que notre production électrique n'est pas encore décarbonée. »
[Modératrice]
« Je vois. Donc, ça vaudrait clairement le coup de choisir une pompe à chaleur, si j’entends bien ? »
[Nicolas]
« Alors oui, mais dans certaines conditions et on va sûrement en parler par la suite. »
[Modératrice]
« Dans certaines conditions... Ça me rend curieuse ! Alors, la Région bruxelloise encourage le placement de pompes à chaleur. À quoi est-ce qu'on doit faire attention avant de mettre en place une pompe à chaleur ? »
[Nicolas]
« Alors la première chose, et c'est vraiment le point crucial qu'il faut vérifier, c'est l'isolation globale du logement. Il faut en fait un niveau d'isolation minimal aux bâtiments pour pouvoir intégrer une pompe à chaleur. Et donc, il faut une isolation performante qui permette à la pompe à chaleur de fonctionner à basse température, ce qui améliore son efficacité et réduit sa consommation. On pourra alors choisir une PAC qui est moins puissante et du coup, moins onéreuse, tout en jouissant d'un confort que l’on considère souvent maximal parce qu'on vient chauffer à basse température. C'est souvent plus confortable. »
[Modératrice]
« J'entends PAC, c'est bien l'abréviation pour pompe à chaleur ? »
[Nicolas]
« Oui, c'est le petit nom qu'on donne, entre nous. »
[Modératrice]
« Le petit nom pour la pompe à chaleur entre nous (rires). Très bien. Est ce qu'il y a d'autres éléments qu'il faut prendre en compte avant d'installer une pompe à chaleur ou une PAC ? »
[Nicolas]
« Oui, la deuxième chose, c'est vérifier les émetteurs existants. On entend bien souvent, en rénovation, qu'on ne peut pas installer une pompe à chaleur parce qu'on a des radiateurs classiques qui fonctionnent à haute température. Donc, il faut vérifier avant que les émetteurs existants que vous utilisez peuvent fonctionner à basse température. Et si ce n'est pas le cas, il faudra imaginer de les remplacer et de passer à des émetteurs basse température comme le chauffage par le sol ou des ventilos convecteurs, par exemple. »
[Modératrice]
« D’autres éléments à prendre en compte ? »
[Nicolas]
« Un point important, c'est d’identifier la source de chaleur qui sera utilisée par la pompe à chaleur. Comme je l'ai dit, elle transfère de la chaleur, du coup il lui faut une source. Donc ça peut être le sol, l'eau ou l'air extérieur. À Bruxelles, les plus gros potentiels, ce seraient la géothermie qui utilise le sol, la chaleur du sol et l'aérothermie qui utilise l'air extérieur. L'avantage de la géothermie, c'est qu'on a des températures assez constantes dans le sol, ce qui fait que les rendements sont assez importants et même en hiver. Donc c'est vraiment la géothermie qui est à privilégier à l'aérothermie, par rapport à ses rendements qui sont vraiment constants. Mais on ne sait pas tous mettre une géothermie chez nous. Il faut quand même un terrain, un certain espace, etc. »
[Modératrice]
« Donc en ville, ça pourrait être plus compliqué ? »
[Nicolas]
« C'est plus compliqué, faisable, mais plus compliqué. »
[Modératrice]
« Donc, c'est une option plus facile à réaliser quand on habite à la campagne et quand on a un grand jardin, par exemple. »
[Nicolas]
« Voilà. »
[Modératrice]
« Et ça c'est donc pour la géothermie. Et dans le cas de l’aérothermie, qui est peut-être plus réalisable en ville ? »
[Nicolas]
« Alors oui, l'aérothermie, ce sont les unités extérieures que vous voyez parfois sur les terrasses. Ça c'est de l'aérothermie, qui est composé d'une unité intérieure dans le logement qui va chauffer votre circuit d'eau et d’une unité extérieure qui va capter les calories présentes naturellement dans l'air. Et un point important à Bruxelles, en fait, c'est tout ce qui est lié au bruit. Il y a une réglementation à Bruxelles qui est assez sévère, même plus sévère que dans les autres régions. Et donc, c'est important de faire attention, notamment sur la fiche technique, à la puissance acoustique de la pompe à chaleur. Les valeurs se situent entre 50 et 65 décibels, mais au plus vous prenez une pompe à chaleur qui a une puissance acoustique faible, au plus vos voisins seront contents et vous remercieront. Le placement aussi de cette unité extérieure est important. Il ne faut pas l'orienter vers les voisins pour que ça fasse du bruit, etc. Donc il faut bien étudier la mise en place d'une pompe à chaleur au niveau de l'acoustique. »
[Modératrice]
« Et est-ce qu'il y a d'autres facteurs à prendre en compte pour la fiche technique ? »
[Nicolas]
« Oui, il y a tout ce qui concerne la performance de la pompe à chaleur. Donc là il faut regarder le SCOP qui est un coefficient de performance saisonnier, une sorte de simulation en fait de votre rendement qui sera sur toute votre saison. Donc au plus ce SCOP est élevé au plus votre pompe à chaleur aura un rendement élevé. Ce SCOP se traduit sur les fiches techniques par des petites lettres. Ce qu'on appelle les labels énergétiques. C'est ces petites lettres que vous avez notamment sur tout ce qui est électroménager. Et donc pour une pompe à chaleur, il faut privilégier les pompes à chaleur avec un label énergétique A+++. Donc 3 +. »
[Modératrice]
« C'est noté A+++, 3 plus ! Au niveau administratif, Nicolas, est-ce qu'il y a des permis ? »
[Nicolas]
« Oui, il est important de se rendre à l'urbanisme de votre commune pour savoir si vous avez besoin d'un permis. Parce que l'unité extérieure de la pompe à chaleur, suivant sa position, vous aurez besoin d'un permis d'urbanisme. Il est notamment interdit de la placer en façade avant. Il y a un autre type de permis que je dois mentionner, c'est les permis d'environnement. Donc ça, c'est le cas des grosses installations de pompes à chaleur qui ont une grosse puissance et qui, du coup, sont soumis à permis d'environnement. Il faudra donc vérifier au niveau de la fiche technique suivant la puissance et introduire une demande auprès de Bruxelles Environnement. »
[Modératrice]
« Donc, il y a quand même plusieurs éléments administratifs qu'il faut prendre en compte. Et bon, imaginons qu'on ait ces permis, et je l'espère pour ceux qui introduisent la demande, à qui est-ce que les gens doivent s'adresser pour mettre en place une pompe à chaleur ? »
[Nicolas]
« Alors, ce sont les professionnels qualifiés, donc les chauffagistes qualifiés pour l'installation des pompes à chaleur. Ce qui serait important de leur demander, c'est d'effectuer un bon dimensionnement. Ce qui est très important pour une pompe à chaleur, c'est qu'elle soit bien dimensionnée aux besoins en chauffage du logement ou du bâtiment en question. Ce professionnel qualifié, il doit disposer de qualifications suffisantes pour installer une pompe à chaleur. Il existe différents agréments à Bruxelles, qui ne sont pas nécessairement indispensables pour placer une pompe à chaleur, mais qui sont souvent gage d'une certaine formation. Il y a notamment l'agrément RESCert qui est demandé lorsque vous introduisez une demande de prime pour le placement d'une pompe à chaleur, l'agrément frigoriste qui est nécessaire pour l'installation de pompes à chaleur qui ont des réfrigérants de type HFC. Ce sont des réfrigérants très spécifiques pour les pompes à chaleur, il faut les manipuler et donc il y a des agréments spécifiques. On peut également citer d'autres agréments qui ne sont pas liés à la mise en place propre d'une pompe à chaleur comme le Cerga ou les agréments professionnels Chauffage Climatisation PEB. »
[Modératrice]
« Donc, on fait appel à un professionnel qualifié pour l'installation des pompes à chaleur. Voilà, le professionnel est passé à la maison, il a installé une pompe à chaleur. Qu'est-ce qu'on fait après ? Y a-t-il des éléments auxquels on doit faire attention après l'installation de l'appareil ? »
[Nicolas]
« Tout d'abord, comme toute installation technique, il est nécessaire de faire un entretien régulier. Ça, c'est important, comme vous le faites pour votre chaudière, de faire un entretien tous les ans de votre pompe à chaleur. Certaines pompes à chaleur sont équipées aussi, comme j'en parlais, d'un fluide réfrigérant spécifique qui sont les réfrigérant HFC. Il y a d'autres types de fluides réfrigérants, mais pour ces réfrigérants, il est nécessaire de faire un contrôle d'étanchéité. Pourquoi ? Parce que s'il y a une fuite et que ce réfrigérant qui est contenu dans la pompe à chaleur part dans l'atmosphère, en fait c'est un puissant gaz à effet de serre qui est beaucoup plus puissant que le CO2. Du coup, c'est important de limiter cette fuite et par ce contrôle d'étanchéité, le professionnel vient s'assurer qu'il n'y a pas de fuites et donc qu'on ne pollue pas. »
[Modératrice]
« Donc c'est bien le professionnel qui fait un contrôle une fois par an ? »
[Nicolas]
« C'est une fois par an. Et pour les installations encore plus puissantes, cela peut être à six mois, à trois mois. Tous les six mois, à trois mois. »
[Modératrice]
« Qui sera aussi effectué par un professionnel ? »
[Nicolas]
« Oui, c'est un technicien frigoriste qui est qualifié pour manipuler en fait des fluides de type HFC. »
[Modératrice]
« Donc en parlant de professionnel, d'installation, de contrôle à faire, de quel genre de budget parle-t-on pour l'achat d'une pompe à chaleur, entre autres ? »
[Nicolas]
« Alors première chose, une pompe à chaleur, c'est plus cher à l'installation qu'une chaudière gaz à condensation. Mais l'avantage, c'est qu'à Bruxelles, il y a des primes qui existent pour l'installation. Au niveau du budget, c'est très difficile à estimer parce que, comme je l'ai dit, il y a beaucoup de technologies - géothermie, aérothermie. Donc si je devais donner une fourchette assez large, on parle de 4 à 15.000 € pour le placement d'une PAC aérothermique et pour des PAC géothermiques, on monte jusqu'à des 25.000 €. Et là, je parle exclusivement de la pompe à chaleur et pas de tout ce qui doit y être associé. Ici, j'ai le devis d'un collègue qui a voulu placer une pompe à chaleur air/eau, donc une pompe à chaleur aérothermique. Il a prévu un remplacement complet de tout son système de chauffage, donc ça inclut en plus du remplacement de la pompe à chaleur, toute la distribution et l'émission, donc le remplacement de ses anciens radiateurs, etc. Il en avait, pour une maison unifamiliale trois façades de 150 m², pour un budget total de 29.000 €. Dont 10.000 € qui étaient pour la pompe à chaleur. 7 000 € concernaient tous les accessoires nécessaires. C'est, par exemple, le ballon tampon, le circulateur et 12.000 € pour l'émission, avec la mise en place d'un chauffage par le sol au rez-de-chaussée de sa maison et des ventilos convecteurs dans les pièces situées à l'étage. Donc voilà, c'était un budget conséquent, mais c'est le remplacement de toute l'installation. Et il y avait également la production d'eau chaude sanitaire où il y avait un ballon qui était intégré à la pompe à chaleur, donc c'était un ballon de 200 litres. »
[Modératrice]
« On parle quand même de grand budget. Est-ce qu'il y a des subsides et des moyens financiers qui peuvent accompagner les gens dans l'installation de ces pompes à chaleur ? »
[Nicolas]
« Oui, Bruxelles a mis en place des primes pour le placement de pompes à chaleur. C'est ce qu'on appelle les primes RENOLUTION, qui sont un soutien financier à l'installation ou au remplacement de pompes à chaleur. C'est pour les logements et les bâtiments de moins de 10 ans. Les primes s'élèvent, dans le résidentiel, à des sommes entre 4.500 et 6.500 €. Donc c'est en fonction du salaire, etc. Et pour le non résidentiel, on est à 35% de la facture. Il y a d'autres primes qui peuvent se cumuler. Donc en plus du placement d'une PAC, je parlais de l'émission du remplacement, donc il y a des primes pour les radiateurs basse température, il y a une prime pour la régulation et il y a aussi une prime, par exemple pour les ballons thermodynamiques, pour la production d'eau chaude sanitaire via pompe à chaleur. Il existe, au niveau des crédits, le crédit ECORENO qui permet d'avoir des solutions de financement pour la rénovation des logements et donc, par exemple, pour la mise en place d'une PAC. Vous pourrez faire appel au crédit ECORENO et donc disposer d'un crédit à taux très intéressant. »
[Modératrice]
« Toutes ces primes, si je le comprends bien, font partie des primes RENOLUTION ? »
[Nicolas]
« Oui. »
[Modératrice]
« Est-ce qu'il y a une personne de contact, un site web, un endroit où l’on retrouve toutes ces infos et ces primes ? »
[Nicolas]
« Oui, il y a deux points de contact. Pour les propriétaires, il faut contacter Homegrade qui pourra vous informer sur les primes et les aides disponibles. C'est un service gratuit. Et pour les professionnels comme des gestionnaires, des entreprises ou des copropriétés, il faut s'adresser au Facilitateur Bâtiment durable. C'est un service gratuit et une offre d'accompagnement dans les projets de rénovation que vous entreprenez. »
[Modératrice]
« Alors, on a beaucoup parlé de l'installation, des professionnels, des primes. Est-ce qu'il y a aussi des histoires de succès quand on parle de pompe à chaleur, par exemple, des histoires de succès d'entrepreneurs qui travaillent avec cette technologie de pompe à chaleur et comment ils ont atteint ce succès ? »
[Nicolas]
« Alors oui, j'avais parlé de l'étude Vecteur. C'est une étude que l’on avait entreprise avec notre département. On avait étudié toutes sortes d’installations techniques et l'évolution de celles-ci à Bruxelles. On avait étudié aussi plusieurs cas pratiques. Et ici, j'ai pris l'exemple d'un cas pratique d'une construction neuve de bureau. Donc c'était un projet à 1.800.000 € avec 1.100 m² de bureaux, avec une salle polyvalente. Et dans ce projet, en fait, avait été mis en place une pompe à chaleur eau/eau. En fait, une pompe à chaleur eau/eau, c'est une pompe à chaleur géothermique. Avec 7 pieux géothermiques, on venait forer dans le sol à plusieurs centaines de mètres de profondeur pour récupérer cette chaleur. Et donc il y avait une pompe à chaleur d'une puissance de 19 kW. L'émission était garantie par des batteries de chauffage dans les centrales de traitement d'air et on avait une dalle active pour assurer le chauffage et la climatisation. Par cet exemple, je voulais montrer que l'avantage de cette géothermie, en plus du fait que le rendement était assez constant toute l'année, c'était qu'on pouvait réaliser du géocooling en été. C'est à dire du refroidissement passif où on vient faire circuler l'eau dans le sol à basse profondeur, où il y a une température de 10 degrés et on vient la faire circuler dans le bâtiment et ainsi le refroidir gratuitement en bypassant en fait, la pompe à chaleur. C'est donc vraiment un refroidissement gratuit. Dans ce projet, il y avait aussi associé 45 kWc de panneaux photovoltaïques et l'association de cette pompe à chaleur avec les panneaux photovoltaïques était très intéressante économiquement parce que les installations photovoltaïques produisaient énormément d'électricité en été, là où du coup, la pompe à chaleur pouvait climatiser. Donc c'est vraiment un espèce de win win. Il y avait une certaine rentabilité au projet et ils se sont tournés directement vers la pompe à chaleur géothermique. Je vais vous parler aussi de l'eau chaude sanitaire ici, qui était un besoin très faible parce qu'on avait juste une petite cuisine et donc là, elle a été réalisée par un boiler électrique. »
[Modératrice]
« Et ce changement dans ces bâtiments, donc dans ces nouveaux bureaux, a été effectué il y a combien de temps ? »
[Nicolas]
« Cela fait 2 ans et on a eu notamment le retour des personnes qui utilisent ce bâtiment et ils sont agréablement surpris du confort qui est atteint avec des températures très constantes. C'est le principe de la dalle active. C'est comme un chauffage par le sol, c'est très agréable et ils sont très contents. »
[Modératrice]
« Donc, c'est une vraie histoire de succès... »
[Nicolas]
« Voilà, c'est un exemple de géothermie à succès, en tout cas à Bruxelles. »
[Modératrice]
« J'espère que ça va motiver les gens à la maison, les auditeurs et aussi les entrepreneurs à investir dans cette pompe à chaleur. Merci, Nicolas, pour toutes ces informations et merci d'avoir été là dans le studio avec nous aujourd'hui. »
[Nicolas]
« Merci à vous. Merci, Judith. »
[Modératrice]
« Merci d'avoir pris le temps d'écouter ce podcast de Bruxelles Environnement sur les nouvelles technologies énergétiques à Bruxelles. N'hésitez pas à consulter le site du guide Bâtiment durable qui traite des pompes à chaleur ou le site de BrugeoTool qui permet de savoir le potentiel de géothermie pour votre projet. Vous pouvez également vous inscrire à notre newsletter mensuelle pour rester au courant des actualités environnementales à Bruxelles et de nos futurs podcasts. À bientôt. C'était Judith Verbist pour Bruxelles Environnement. »