
Bruxell’Air : la prime pour une ville sans voiture
- Mobilité
- Air
Bruxelles Environnement inaugure une nouvelle série de podcasts qui vont à la rencontre des Bruxellois et des Bruxelloises. Le projet ? Découvrir comment nous pouvons, ensemble, contribuer à une Bruxelles plus durable et habitable. Dans cet épisode, nous examinons la façon dont nous pouvons faire des choix conscients de mobilité, et comment la prime Bruxell’Air peut nous y aider.
Claire, Fabrice et Camille nous expliquent comment ils ont renoncé à leur voiture pour prendre un chemin plus durable. Grâce à la prime Bruxell’Air, tous les trois ont reçu un coup de pouce pour explorer d’autres moyens de transport. Nous vous invitons à écouter leurs histoires, leurs motivations, leurs défis et leurs succès. Nous découvrons aussi comment cette décision a changé leur quotidien et leur vision de la mobilité dans la ville.
Mettez vos écouteurs et laissez-vous inspirer. Vous ayez déjà fait un pas vers un mode de vie plus durable et vous êtes curieux de retrouver d’autres expériences ? Vous voulez savoir quelles possibilités vous offre la prime Bruxell’Air ? Quelle que soit la raison, cet épisode est pour vous. Explorons ensemble comment faire des choix conscients de mobilité et avoir un impact positif sur la vie de notre ville.
Plus d’informations ? Consultez notre site www.primebruxellair.brussels.
Lire le texte de transcription
[Teaser : montage alterné des voix des 3 intervenants, intervenantes]
[Speaker : Claire]
« Les enfants vont à l'école, roller, trottinette, vélo, skate, tout ce qui existe. Mais certaines fois, ils n'ont pas le choix, ils doivent prendre leur voiture. »
[Speaker : Fabrice]
« La ville doit revenir aux habitants, redevenir vivable et respirable. »
[Speaker : Camille]
« Je ne savais pas comment faire. J'étais toute stressée. Du coup, j'ai demandé à un monsieur dans la rue. C'est un livreur. Je dis à monsieur, s'il vous plaît, vous pouvez m'aider ? Je ne sais pas du tout comment démarrer. »
[Modératrice, introduction]
« Peut-on se déplacer à Bruxelles sans sa voiture ? Comment faire ses courses ou partir en vacances ? Bienvenue dans ce podcast de Bruxelles Environnement. Rencontrons des Bruxellois et Bruxelloises qui nous parlent de leur choix pour rendre Bruxelles plus durable et agréable à vivre.
Dans cet épisode, Fabrice, Claire et Camille nous racontent leurs aventures dans un nouveau monde sans leur voiture. »
[Fabrice]
« Je m'appelle Fabrice, j'habite ici à Jette et je suis pensionné depuis trois ans, donc je vais tout doucement sur mes 69 ans. »
[Claire]
« Moi, je m'appelle Claire, j'ai 58 ans. Je vis à Bruxelles depuis 2007. Avant, j'étais Française. Maintenant, je suis devenue bruxelloise de cœur. J'ai été puéricultrice, passionnée par les enfants. »
[Camille]
« Je m'appelle Camille, j'ai 30 ans, je suis bruxelloise, j'habite à Schaerbeek et je travaille dans tout ce qui est données informatiques. »
[Modératrice]
« Est-ce que vous pourriez nous expliquer ce qui vous a amené à renoncer à votre voiture ? »
[Fabrice]
« J'ai toujours fait du commercial, donc j'avais un véhicule de société. Pendant des années et des années, je ne me suis jamais posé la question d'utiliser autre chose que la voiture. Et ensuite, s'est posé le problème de savoir ce que j'allais faire à partir du moment où j'étais retraité. Je n'avais plus accès à cette voiture de société, donc je devais prendre la décision. Soit j'en achetais une, soit je m'en passais et je trouvais une autre solution. Je dois dire que la solution a été trouvée très rapidement, puisqu'on habite tout près d'une station Cambio. J'ai fait quelques essais, quelques tests comparatifs de calcul et très vite, j'ai compris que la solution se trouvait là. On a passé le cap maintenant en roulant en Cambio quand c'est nécessaire, sinon tout le reste se passe ou à pied ou en vélo ou en transport en commun. »
[Modératrice]
« C'est la même chose pour vous ? »
[Claire]
« Non. Moi, je suis arrivée de France en ayant vécu pendant longtemps dans des petits villages. C'était voiture obligatoire parce qu'il n'y avait pas de moyen de transport, il n'y avait rien. Et puis, quand je suis arrivée à Bruxelles, pendant un an, j'ai continué à me servir de la même voiture. Et puis, un jour, je me suis dit : ‘Mais ce n'est pas possible, je vais faire mes courses sur une place où c'est impossible de se garer, où il y a... Je mets 10 minutes pour y aller en voiture à peine et je mets 15 minutes pour me garer. C'était juillet 2008’. J'ai dit : ‘OK, je vais me racheter un vélo.’ J'ai eu besoin de ma voiture encore un an en 2016/2017 parce que je faisais une formation qui avait lieu le dimanche de l'autre côté de Bruxelles. C'était une heure et demie de transport en commun le dimanche matin. Et le jour où cette formation a été finie, le dimanche, le lundi, j'ai donné les clés de ma voiture et j'ai dit : ‘Je n'en veux plus.’ J'ai pris un abonnement à la STIB, ce qui m'a permis de passer un hiver au chaud et de ranger un peu le vélo en hiver.
Ça a duré un an et maintenant, je fais tous mes hivers sur le vélo, il n'y a pas de problème. »
[Modératrice]
« Merci déjà pour votre partage. Et te concernant ? »
[Camille]
« Du coup, pour moi, ça fait trois ans et demi que je suis dans l'entreprise avec laquelle je travaille actuellement et on a une voiture partagée au bureau qui est en fait très pratique. J'avais une petite décapotable à l'époque qui était ancienne et qui demandait de plus en plus de rénovations. Je faisais énormément de trajets déjà à vélo et en transport en commun. J'utilisais très peu la voiture simplement pour aller visiter des amis ou de la famille en dehors de Bruxelles. Je me suis dit : ‘Est-ce que pour ces rares occasions, quand ça devenait de plus en plus rare d'utiliser ma propre voiture parce que j'avais toujours accès à celle du bureau, c'est à dire pour les rares occasions où je vais encore utiliser ma voiture, je vais utiliser la mienne, est ce que les coûts de réparation et de taxes et tout ce qui va avec quand on a une voiture, ça vaut la peine ?’ »
[Modératrice]
« Et voilà. C'est chouette d'entendre déjà la variété de parcours et de raisons pour lesquelles on pourrait ne plus avoir envie d'utiliser principalement la voiture. Donc ici, on a eu les arguments économiques. Est-ce qu'il y a d'autres arguments qui vous ont convaincus encore davantage ? »
[Fabrice]
« Écologiquement, je pense que la ville doit revenir aux habitants, doit redevenir vivable et respirable. Et qu'on a la possibilité d'avoir accès à tout ça, il ne faut pas hésiter une seconde, je pense. On a la chance aussi de ne plus avoir d'enfants à la maison. Je peux comprendre que quelqu'un qui a encore des enfants à conduire à gauche, à droite, ça pourrait encore aller. Mais à partir du moment où il y en a deux ou trois, c'est moins facile. Mais ici, avec toutes les possibilités qui s'offrent à nous, je pense qu'on serait idiot de s'acharner à continuer en voiture. Et c'est vrai que maintenant, là où nous habitons, au début, c'était gratuit pour se garer. Et puis après, il y avait une carte riverain. La première voiture était gratuite, la deuxième était payante. Et puis maintenant, tout est payant. »
[Camille]
« Moi, je me suis fait exactement la même réflexion. J'avais l'impression que les voitures étaient de moins en moins acceptées à Bruxelles ou en tout cas dans mon quartier. Et alors, ce que j'ai beaucoup apprécié, c'est que je me suis dit de plus en plus, les routes cyclistes sont en train de se développer à Bruxelles et deviennent de plus en plus sécures. Alors, en étant bruxelloise, j'ai l'habitude un peu du danger, mais j'ai beaucoup d'amis qui n'osaient pas passer le cap du vélo parce que c'est vrai qu'il faut être conscient que c'est dangereux parfois. Mais chez moi, dans mon quartier, il y a eu plein de rénovations et ça a été très agréable pour en tout cas tout ce qui était vélo. Ça m'a un peu aidée en disant : ‘En tout cas, les choses se mettent en place autant que je mette aussi mon pied à l'édifice, à éliminer une voiture en plus.’ »
[Claire]
« Oui, pour en revenir aux raisons économiques, quand on a fait le choix de Cambio suite à son départ en pension, on s'est dit : ‘OK, pendant un an, on va prendre la voiture, on va louer des Cambio aussi régulièrement que si on utilisait notre voiture.’ On s'est donc pas gênés parce que l'idée, c'était pas non plus de faire un retour en arrière et de se dire : ‘OK, non, ça, on peut pas faire, ça, on peut pas faire.’ Et au bout d'un an, on a repris toutes nos factures Cambio, on a additionné, on a calculé, et ça nous revenait moins cher de toute façon que si on avait eu une voiture en coûts propres à assumer. C'était vraiment une année de test en disant : ‘OK’. Et puis, partant de là, on a aussi repensé notre manière de bouger. En se disant : ‘On va faire des courses dans une grande surface à l'extérieur de Bruxelles.’ Oui, on peut y aller en métro parce qu'on sait qu'on va acheter des trucs lourds, qu'on va se les faire livrer. Et de se dire : ‘Il y a des personnes qui n'ont pas le choix, qui doivent utiliser leur voiture. Ok, elles le font. On n'est pas contre la voiture. Nous, on a la possibilité de faire autrement.’ »
[Modératrice]
« Et comment vous avez entendu parler de la prime Bruxelles Air ? Est-ce que c'est un élément qui a joué aussi dans votre décision ? »
[Camille]
« Moi, j'ai tout testé. J'ai pris dans tout. J'ai un vélo depuis très longtemps. Ce vélo est très vieux. Il est plus vieux que moi. Et donc la première étape, une chose que je voulais absolument faire, c'était de m'acheter un nouveau vélo plus léger pour l'utiliser plus facilement. Et parce que mon vélo, dernièrement, on m'a demandé 250 € de rénovation, le vieux vélo. Et donc je m'étais dit je veux plus avoir autant de frais sur un vélo, même si je sais que sur le long terme, ça va revenir parce que plus on utilise un vélo, évidemment, il y a des frais, c'est logique. Comme j'ai enlevé une voiture, je m'étais dit que j'allais tester Cambio pour remplacer la voiture. Je n'ai pas eu la même expérience que vous pour Cambio, parce que moi, j'utilise la voiture pour des city trips. J'ai eu un budget Cambio, mais aujourd'hui, je vais l'utiliser pour peut-être aller à la déchetterie, mais en fait, pour faire mes courses, j'habite seule, je ne fais pas énormément de courses. Pour là, je suis un peu… pas déçue, mais je réalise que Cambio n'était peut-être pas la situation appropriée pour moi. Mais je l'ai testé.
J'ai aussi testé Felix que j'adore beaucoup et un peu déçue de ne pas avoir mis plus d'argent dessus. Parce que vraiment, super belle découverte ! Quand la motivation est un peu moins là pour traverser Bruxelles en vélo ou en transport en commun, parce que les transports se mettent mal et du coup, ça nous prend une heure et demie, vraiment, j'adore. Il ne faut pas un permis pour rouler en Felix, c'est vraiment des gros vélos électriques qui vont à du 45. La première fois que j'ai pris Felix, moi, je n'ai pas de permis de scooter. Et du coup, je ne savais pas comment faire. J'étais très stressée. Du coup, j'ai demandé à un monsieur dans la rue, c'est un livreur. Je dis : ‘monsieur, s'il vous plaît, vous pouvez m'aider ? Je ne sais pas du tout comment démarrer.’ C'est Félix, c'est la première fois. Et il a été super gentil. Il m'a démarré, il m'a même vue. J'ai même vu qu'il m'avait regardée sur mes premiers mètres pour voir si je ne me pétais pas la gueule. Et voilà, tout s'est bien passé. Je ne suis pas tombée. »
[Modératrice]
« De manière plus générale, qu'est-ce que ça a changé dans votre qualité de vie ? Par exemple, éventuellement le stress. Le stress de gérer une voiture ou juste le nouveau mode de transport que vous allez utiliser ? »
[Fabrice]
« Je n'ai plus le stress de savoir qu'elle reste dehors, qu'on risque de me casser quelque chose ou peu importe. Non, on est vraiment tranquille. On la prend, on la remet là où elle doit être. Et puis après, je trouve que le stress disparaît, effectivement. Enfin, le stress du propriétaire de la voiture. J'ai l'impression d'être à nouveau reconnecté à mon environnement normal, naturel. »
[Modératrice]
« Est-ce que vous avez envie d'intervenir aussi sur cette question de qualité de vie et de quotidien ? »
[Claire]
« Moi, j'ai de la chance avec mes cheveux blancs, c'est que dans les transports en commun, très souvent, on me laisse une place assise, ce qui fait qu'en fait, au lieu d'être dans les embouteillages ou dans le stress de la circulation, je suis dans un coin du métro avec mon livre et que je ne vois pas le trajet passer. C'est vrai qu'il peut y avoir des problèmes de retard ou d'accident, mais ce n'est quand même pas si souvent que ça. »
[Modératrice]
« On a déjà fait pas mal le tour de beaucoup de questions. Je voudrais vous demander un petit peu d'imaginer qu'est-ce que vous diriez à quelqu'un pour essayer de le motiver à justement renoncer à sa voiture ? Par exemple, quelqu'un de votre entourage. »
[Fabrice]
« Pour moi, le premier élément, c'est la qualité de vie, et pour nous et pour les autres. On ne peut plus continuer comme ça, surtout dans les grandes villes. On a tellement de possibilités différentes dont on vient d'en parler maintenant, de pouvoir se déplacer. Il faut qu'on arrête. Il faut rendre de nouveau les villes respirables et vivables, et pour nous et pour nos enfants et nos petits-enfants. »
[Claire]
« Nous, on a la possibilité de le faire. C'est juste que les gens se disent : ‘Est-ce que j'ai la possibilité de le faire ou pas ?’ On a des petits enfants. Les parents font vraiment le choix d'une mobilité douce, vélo... Les enfants vont à l'école, en roller, trottinette, vélo, skate, tout ce qui existe. Mais certaines fois, ils n'ont pas le choix, ils doivent prendre leur voiture. Mais dans mon discours, en tout cas, ce ne sera jamais l’idée de culpabiliser ou de reprocher quoi que ce soit. C'est plus de dire : ‘essaie de voir quand est-ce que tu peux renoncer à la voiture ?’ Et si chacun fait des petits bouts comme ça, on arrive à s'entendre. »
[Camille]
« Je n'ai pas grand-chose à ajouter, tout a été dit. »
[Modératrice]
« Juste pour clôturer l'échange, la discussion, j'aimerais que vous réfléchissiez à une phrase que vous souhaiteriez à Bruxelles en termes de mobilité ou comment vous souhaiteriez voir Bruxelles en termes de mobilité ? »
[Fabrice]
« Je dirais partager et respecter, que chacun puisse trouver son bonheur, s'il y en a qui sont absolument voiture, qu'ils puissent le faire tout en laissant les autres pouvoir profiter, parce que c'est vrai, circuler à Bruxelles, c'est la jungle, il faut se battre. C'est le danger permanent et c'est parfois assez stressant. C'est pour ça que je préfère en tout cas aller à pied plutôt qu'en vélo. Mais si chacun pouvait trouver facilement sa voie et respecter les autres, je pense que c'est la base de toute la vie à tous les niveaux. »
[Claire]
« Oui, c'est exactement le terme que je reprendrais. L'avenir pour Bruxelles, la mobilité à Bruxelles, c'est basé sur le respect. Si on respecte d'abord dans les comportements, effectivement, entre cyclistes, automobilistes, piétons, chauffeurs de bus, livreurs, tout se passe bien s'il y a ce respect-là. Et puis respecter, savoir respecter les besoins de l'autre et ne pas porter de jugement. C'est vrai que certaines fois, ça peut paraître énorme que quelqu'un qui fasse moins de cinq kilomètres prenne sa voiture, mais peut-être qu'il y a une condition derrière. Donc on ne pas porter de jugement. Et oui, partager et respecter et se dire que l'espace public est pour tout le monde, la qualité de l'air est pour tout le monde, les transports en commun sont pour tout le monde et l'espace est pour tout le monde et doit être réparti entre tout le monde. »
[Camille]
« Oui, j'aime beaucoup Bruxelles partagée. Je trouve que c'est un chouette Bruxelles accueille, partage, c'est sympa et j'aime beaucoup cette optique de se dire qu'on a tous droit à choisir chacun son moyen de transport et que c'est accessible à chacun. »
[Modératrice, conclusion]
« Merci Fabrice, Claire et Camille. Merci pour vos anecdotes et d'avoir partagé votre histoire avec nous. Vous venez d'écouter un podcast de Bruxelles Environnement sur la mobilité à Bruxelles. Plus d'infos sur la prime Bruxell’Air ? Visitez notre site primebruxellair.brussels. Pour rester au courant des actualités environnementales à Bruxelles et de nos futurs podcasts, inscrivez-vous à notre newsletter sur environnement.brussels. »